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samedi 16 octobre 2010

Conclusion d'un séjour: troisième partie - Berlin

Dans ma tête, je suis réellement revenu à Montréal le 5 juillet 2010, à mon retour de Berlin. Peut-on réellement dire que nous avons conclu en voyage en Europe quand on y retourne à peine 3-4 semaines plus tard?

J'étais à Berlin du 26 juin au 5 juillet dans le cadre d'un congrès international sur le trouble de personnalité limite, trouble psychiatrique qui au cœur même de ma thèse. J'y allais pour présenter des données sur l'instabilité émotionnelle à l'adolescence. Ce fut probablement le congrès le plus pertinent auquel j'ai participé depuis le début de mon parcours en tant que biologiste médical spécialisé en sciences psychiatriques (pour ceux qui se posaient des questions sur mon titre)...

Je suis allé à Berlin, oui, pour une conférence, mais aussi pour dire au revoir à l'Europe. Lui dire au revoir sur une belle note. Quitter Paris dans un état émotif assez instable, disons que ça ne conclut pas parfaitement un séjour et débuter une nouvelle aventure. Revenir à Berlin, c'était renouer avec les moments plaisants que j'avais eu pendant mon année en Europe.

L'avantage de revenir dans une ville pour la troisième ou la quatrième fois, c'est que nous ne sentons plus la pression de la visiter. Nous pouvons enfin s'arrêter pour la vivre. Les premières fois, j'allais voir mille et un musées, monuments, lieux historiques. J'étais là pour vivre la vie berlinoise (surtout est-berlinoise) comme elle se doit.

Pour ce séjour, j'ai été hébergé par Kaja, une Couchsurfeuse que j'avais rencontrée quelques mois auparavant lors de la commémoration de la Chute du mur. Nicolas ne pouvait pas m'héberger à cause de ses colocs. Ce n'était pas trop grave, étant donné qu'il habitait à dix minutes à pieds de l'appartement à Kaja.

Berlin, ce fut de longues marches dans les grands parcs, les baignades quasi-quotidiennes dans les multiples lacs qui entourent la ville. Sérieusement, à voir mon album-photos, ça ne semble pas que j'ai passé la semaine dans une ville-capitale.

La semaine à Berlin, c'était revoir Lena pour une dernière fois avant mon retour définitif à Montréal. Elle avait le voyage jusqu'à la capitale afin qu'on puisse passer un peu de temps ensemble. Elle n'était allée à Berlin qu'une seule fois avec sa classe quand elle était plus jeune. Je trouvais ça un peu comique de jouer (encore!) au guide touristique à une Allemande dans sa propre capitale. J'ai aussi revu le temps d'une bière (ou deux, ou trois) Alex et sa copine Susan, que j'avais rencontré il y a un an à la Place des Vosges à Paris. Alex m'avait hébergé à Berlin en novembre par la suite.

C'est à Berlin que j'ai pu me ressourcer, me sentir bien, me reposer. Outre les lacs et les mini-randonnées, c'étaient les bars et les boîtes de nuit (entrer dans un club à 1h30 du matin, ça faisait longtemps que ce ne m'était pas arrivé). Le prix très abordable des sorties: une rareté à Paris, une chose courante à Berlin. Une bière de 500 ml (50 cl) à deux euros, c'est très cher à Berlin. Et les döner kebap à 4h du matin, cela me manque réellement.

J'ai pu pratiquer mon allemand très débutant. D'ailleurs, ce fut avec une amie à Nicolas, Vanessa, que j'ai eu mes premières conversations en allemand, puisqu'elle ne parlait qu'espagnol et allemand (et un peu d'anglais). Étrangement, je comprenais les serveurs et en retour, ils saisissaient ce que je voulais dire (sans avoir à pointer ou à faire des gestes).

Ma pensée est plutôt décousue, car quand on prend plusieurs mois avant de mettre en mots ses expériences, il nous reste que des souvenirs, des évocations, sans réel fil conducteur.

Berlin fait maintenant partie de mon passé... pour l'instant. Un retour s'imposera éventuellement. Actuellement, je suis à Montréal et je vais profite pleinement de l'instant présent. Le goût de voyager me reprendra sûrement très bientôt, mais j'ai refait le plein, même si ce n'était que le temps d'une semaine dans une ville déjà connue. 

Ainsi se conclut cette année en Europe, mouvementée, certes, mais des plus nécessaires.

samedi 31 juillet 2010

Conclusion d'un séjour: Deuxième partie - Montréal

Revenir à Montréal, un désir qui était présent en moi depuis plusieurs mois, se concrétisait enfin. J'avais fini par ne plus y croire. Je m'étais fait à l'idée que Paris était devenu mon point d'ancrage. Dans l'avion, j'étais assis à côté d'une famille provenant de Metz, et pendant une bonne partie du trajet, je leur faisais une introduction à Montréal, les choses à faire et à voir. C'était en quelque sorte une préparation mentale à ce qui m'attendait quand l'avion allait atterrir. Plusieurs appréhensions, je dois l'avouer. Quoi dire aux gens après une année d'absence?

Mes parents sont venus me chercher à l'aéroport. Il fallait s'y attendre, ce fut des retrouvailles à haute teneur émotionnelle. Je crois que c'était l'une des rares fois que j'ai vu ma mère pleurer. Nous sommes allés manger une soupe tonkinoise et ils m’ont déposé à l’appartement où j’avais passé l’année 2008-2009 avec mon frère (celui sur la rue de Bordeaux). En rentrant dans l’appartement, j’ai vite compris qu’allait être le prochain mois : une période de transition où je ne serais pas vraiment à ma place socialement, professionnellement, psychologiquement et géographiquement parlant.

Je suis allé rendre visite à Lydia et Gabrielle, et du même coup, voir quel sera mon nouveau chez moi et qui seront mes futurs colocataires. Quand je suis arrivé au 4805 av. Papineau, c’était le début d’un party : Jérémie, l’un des colocataires, fêtait son anniversaire. J’ai en même temps fait la connaissance des multiples voisins vivant dans le même immeuble. Même si la date de mon déménagement a été fixée le 17 juin 2010, je me retrouvais là presqu’à tous les deux jours.

Tranquillement, j’ai revu les gens. Je ne sentais pas l’envie de faire un gros party ou de passer à travers mon carnet de téléphone pour annoncer à mes amis que j’étais réellement revenu à Montréal. J’essayais de comprendre le monde autour de moi.

J’ai réalisé à mon retour, durant les premières semaines, comment Paris s’est infiltrée dans mon être et mon esprit. D’abord, j’étais un peu surpris par le fait que les gens dans la rue semblaient exubérants, joyeux et heureux. Les couleurs vives sur les murs, les immeubles, les vêtements des gens, cela me troublait un peu. Les serveuses ou les vendeuses qui te disent « Bonjour, comment ça va? Est-ce que je peux t’aider » m’ont assez perturbé. Après une année à Paris, je trouvais ce comportement complètement déplacé, inadéquat et familier.

D’abord, le tutoiement. J’avais pris l’habitude à vivre dans un univers où le tutoiement était réservé pour des gens de mon âge avec qui j’entretenais un bon lien. Que ce soient des enfants, des adolescents, ou des gens dans la vingtaine que je ne connaissais pas bien, c’était le vouvoiement automatique. Ensuite, le fait qu’elles demandent comment ça va semblait être une intrusion de la bulle personnelle, surtout (dans le cas des serveuses) le contact physique, c’est-à-dire la main sur l’épaule. En fait, je comprenais comment Paris m’a appris à être froid et détaché dans les relations avec les autres.

Le retour à la Clinique des troubles de l’humeur (CTH) s’est fait très rapidement, soit deux jours après mon atterrissage. Revoir ses anciens collègues de travail, avec qui on s’entend bien, c’était apaisant. En fait, revenir à la CTH m’a fait réaliser comment l’environnement de la Pitié-Salpêtrière était toxique pour moi. Juste penser à cet endroit et aux professionnels qui travaillent là me donne la nausée. Je n’ai aucune fleur à lancer à cette institution française, et je sais que je serai incapable de poursuivre toute collaboration avec un psychiatre ou psychologue de cet hôpital. J’ai été d’une honnêteté déconcertante par rapport à mon séjour à la Pitié-Salpêtrière. J’espère que je serai le dernier Québécois à avoir été envoyé là-bas. Pour la collaboration Montréal-Paris, je ne vois qu’un échec certain. D’ailleurs, il y avait une stagiaire française, Sophie, de versant psychanalytique, qui était à la CTH le mois que je suis revenu. J’ai consciemment fait en sorte qu’elle comprenne que je ne vais pas l’aider à son intégration. Bref, pour moi, c’est un retour d’ascenseur très justifié. Surtout qu’elle avait défoncé la filière contenant pour mes données de recherche pour faire du « ménage »; elle disait qu’elle ne comprenait pas mon classement. Encore aujourd’hui, je suis encore en train d’essayer de retrouver tous les documents (car madame les a éparpillés dans plusieurs bureaux).

Ce fut un retour très graduel à Montréal, sans tambour ni trompette. Dans ma tête, ce n’était pas encore le retour définitif. Ce n’était qu’une transition. Je savais pertinemment que tant que j’avais encore un pied en Europe, je n’allais pas être totalement et complètement à Montréal. Bref, la conclusion de mon séjour, ce n’était pas à Paris, ni à Montréal. C’était à Berlin. 

lundi 19 juillet 2010

Conclusion d'un séjour - Première partie: Paris

Il est un peu étrange de relater des événements qui se sont déroulés il y a environ deux mois, mais je crois qu'il est nécessaire d'avoir un peu de recul avant de pouvoir raconter. De plus, ce message pourra autant servir de conclusion à ce blogue si j'arrête d'écrire, ou de texte-tremplin pour des articles futurs. Et comme l'indique le sous-titre de mon blog, il était logique que ce message parle à la fois de Paris, Montréal et Berlin, trois villes importantes dans ma vie.

Après mon séjour à Londres, je suis resté à Paris jusqu'à mon retour définitif. Je ne me rappelle plus trop des détails de ce que j'ai pu faire pendant ces 2-3 semaines, ce qui me permet donc d'aller à l'essentiel. Je me souviens d'avoir fait plusieurs expositions : la vie et l’œuvre d’Edvard Munch, connu surtout pour le Cri (à la Pinacothèque), le taoïsme en Chine (au Grand Palais), l’art moderne dans les tribus traditionnelles en Inde (au Quai Branly), le rôle de la mort, du sacrifice et du sexe dans l’art mochica (toujours au Quai Branly), etc. Pour l’exposition sur les nus de Lucian Freud, petit fils de Sigmund, ça a été un rendez-vous manqué. Je crois que c’est l’un des éléments que j’ai le plus appréciés en étant à Paris : la diversité et la richesse culturelle qu’offrent les musées.

Les derniers moments à Paris, je les ai passés avec Marie-France, une amie de Montréal. J’ai aussi reçu la visite de Roxane et Pamela, des amies du CÉGEP, quelques jours avant mon départ. Je crois qu’elles sont arrivées au bon moment, puisque cela m’a permis de clôturer l’expérience parisienne sur une note un plus positive. Avec elles, j’ai pu revoir une dernière fois le Paris touristique, repasser devant tous ces monuments qui ont servi de décor à ma vie au cours de la dernière année. Ce fut aussi l’occasion de faire des découvertes de dernières minutes, comme le château de Vaux-le-Vicomte, et de passer du bon temps avec certaines personnes très appréciées comme Sandra et Antoine.

Mon départ de la Pitié-Salpêtrière a été loin d’être émotif ou nostalgique. J’ai dit au revoir à certains employés, mais à l’exception de Nicolas, le statisticien avec qui j’ai partagé un bureau, aucun d’entre eux ne me manque. Deux mois plus tard, si on m’évoque cet hôpital, à part du mépris et du dégout, je ne ressens plus rien.

J’ai fait deux dernières soirées avant mon départ, une dans un bar (L’académie de la bière) sur boulevard du Port-Royal, et l’autre « chez moi » à St-Cyr-l’École. En rétrospective, il y a certaines gens qui ont marqué mon année et qui vont me manquer : Sandra (ma coloc d’il y a 5 ans), Brice (l’étudiant en psychiatrie que j’avais rencontré à Montréal il y a 2 ans), Patrick (rencontré sur Couchsurfing), Nicolas (le statisticien), Mélo et Fanch (mes colocs), Jean-Rémi, Floriane, Guillaume et Sylvain (les amis de mes colocs).

Au final, les derniers moments à Paris m’ont permis de clôturer l’année sans que je reparte avec des remords, des regrets ou des « j’aurais dû ». Je crois qu’avec une expérience comme celle-ci, vaut mieux avoir une fin sobre.


Je vous laisse, en attendant la deuxième partie de ce message, sur un texte écrit sur trois cartes postales par un résident en psychiatrie, Dr Craus, que j'ai rencontré à Paris:


"Les horaires d'ouverture souvent restreintes, les cafés fermés, les bousculades dans les transports publics, les sans-gènes, l'incorrection de ces Parisiens affairés, et le plus agaçant, les rodomontades à n'en plus finir bien que marbrées de suffisance. Cette ville est exigeante, pas toujours à propos... Mieux vaux y venir avertir et armé.
C'est charmant, si mignon, si romantique, quand une blonde vous tient le bras, la main, la jambe, sous un parapluie place Clichy ou une ombrelle dans l'allée centrale du Jardin des Plantes sous couvert des platanes, bordés de coquelicots aux couleurs fraîches et printanières. Et là, Paris, c'est la vie, essentielle.
Ainsi va Paris, tout en contraste, en beauté fragile. Mais restons légers!" 

lundi 10 mai 2010

Rouen



Depuis 2006, je travaille en tant que psychométricien à l’Hôpital Rivière-des-Prairies. Mon boulot consiste à effectuer sur une base hebdomaidaire une entrevue diagnostique semi-structurée, le K-SADS-PL (Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia for School-Age Children - Present and Longitudinal Version). En gros, je rencontre les parents d’un adolescent pendant environ deux heures et je leur pose des questions sur la présence, l’intensité et la fréquence d’une centaine de symptômes psychiatriques afin de faire ressortir les diagnostics possibles (dépression, trouble bipolaire, schizophrénie, trouble d’anxiété généralisée, état de stress post-traumatique, anorexie, trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, pour en nommer quelques uns). Donc, cette entrevue est codifiée et elle est souvent utilisée dans les recherches en psychiatrie pour confirmer des diagnostics cliniques.

Dans le but de bâtir une collaboration France-Québec sur la prévention du suicide, on m’a demandé d’aller donner une formation sur la manière d’administrer le K-SADS-PL, afin que les centres de recherche aient à peu près le même protocole de recherche. Bref, c’est ainsi que je me suis retrouvé à Rouen pendant deux jours.



Je vous épargne le déroulement de la formation, et je vais donc me concentrer sur la ville en soi. Donc, Rouen est situé en Haute-Normandie, à une heure de train de Paris (Gare St-Lazare), ce qui permet de faire un aller-retour facilement dans la même journée. Ce qui frappe surtout en se promenant dans la ville, et surtout dans le cœur historique sur la rive droite (la Seine sépare la ville en deux rives), ce sont le nombre de maisons à colombages. Malgré les violents bombardements que Rouen a subit lors de la 2ème Guerre Mondiale, il reste encore plusieurs vestiges du temps passé. Il est encore possible de voir la tour Jeanne d’Arc, où la Pucelle a été emprisonnée, et la Place du Vieux-Marché, où elle a connu son supplice. À quelques pas, on tombe sur le Gros-Horloge, une horloge astronomique du 14e siècle, et un peu plus loin, la Cathédrale Notre-Dame. Bien qu’en restauration, il est impossible de ne pas être émerveillé par la beauté de l’architecture gothique. Elle a d’ailleurs inspiré Claude Monet, qui l’a peinte sous différentes angles selon le moment de la journée et l’ensoleillement.

Bien que Rouen est une petite ville en termes de superficie, elle a beaucoup à offrir à un touriste qui y passe une journée ou deux. L’art gothique est partout, et je crois personnellement que je n’ai pas assez de doigts pour compter le nombre de bâtiments de style gothique, en particulier les églises. En gros, une promenade dans Rouen, c’est marcher à travers le temps, du 13e siècle jusqu’à nos jours. En effet, tandis que la rive droite est surtout historique, la rive gauche est moderne. Celle-ci n’est pas tellement intéressante pour une balade : tours à bureaux et logements modernes ternes parsèment les rues destinées à l’automobile.

Donc, quelques heures à Rouen après chaque de formation m’ont permis d’avoir un bref aperçu de la ville. J’ai très peu d’idée sur la vie rouennaise et l’atmosphère générale de la ville, mais pour se balader, c’est idéal.



mardi 27 avril 2010

Redécouvrir Paris


Du 5 au 21 avril, j’avais un ami québécois, Michel, qui me rendait visite. C’était son premier gros voyage, et il a décidé de consacrer deux semaines à la Ville-Lumière. Passionné d’histoire et de culture française, c’était un passage obligé. Après des années à l’entendre rêver de Paris, il a enfin décidé de se prendre un billet d’avion et tenter l’aventure. Je crois que mon petit appel à son anniversaire il y a plus de huit mois a été l’élément décisif.

C’était assez particulier d’être en compagnie d’une personne qui avait les yeux brillants devant tant de monuments historiques, qui frissonnait presque en empruntant les rues où ont foulé de grands personnages historiques, lorsque soi-même on a vu et revu Paris, jusqu’à ne plus comprendre pourquoi les touristes trouvent la ville si enchanteresse et merveilleuse. En fait, Michel lors de son séjour, c’était moi il y a cinq ans qui découvrait la France et l’Europe.

Pourtant, je m’étais promis que durant son séjour, j’allais essayer de redécouvrir Paris, de la voir comme je l’avais perçue la première fois. Difficile tâche puisque mon expérience à l’hôpital, mes tentatives vaines de socialisation, et mes luttes contre l’administration française ont pas mal terni ma vision de l’univers parisien.

Récapituler plus de deux semaines serait un peu long et pénible. Quelques moments par contre nécessitent le détail.


Au cours de la première semaine, nous avons soupé chez Sandra, mon ancienne coloc d’il y a cinq ans, à Montgeron (banlieue parisienne). Ce fut un moment marquant, surtout pour Michel, car il a pu rencontrer des Français qui lui montraient une vision de la France telle qu’elle est vécue par ses habitants. D’ailleurs, il s’est lié d’amitié très rapidement avec Sandra, Antoine et Isabelle (deux amis proches de Sandra).

Autre moment agréable fut la visite au Musée d’Orsay. C’est un musée portant sur l’art impressionniste et il regroupe plusieurs œuvres importantes de Van Gogh, Monet, Manet, Cézanne, Gauguin, etc. J’avais réussi à convaincre Michel de m’accompagner, car il n’était pas chaud à l’idée de visiter un musée d’art au départ (lui étant plutôt du versant historique). Je suis personnellement heureux de lui avoir fait découvrir l’art, et ça me rappelait mes premières réticences à perdre mon dimanche après-midi enfermé à voir des tableaux et des sculptures. Plus modeste et beaucoup moins mégalomaniaque que le Louvre, le Musée d’Orsay est d’une taille humaine tout en restant grandiose dans ce qu’il a à offrir. Raison principale pourquoi je voulais l’entraîner là? Tout simplement parce qu’il y avait une exposition intitulée « Crime et châtiment » qui retrace l’histoire du crime, des condamnations, et des châtiments (humains et célestes) à travers l’art, ainsi que quelques éléments sur la médicalisation du crime. Ce fut l’une des plus belles expositions que j’ai vues à ce jour, et comme le Dr Guilé, mon directeur de thèse, l’avait si bien prédit, je suis ressorti avec le catalogue de l’exposition de 500 pages sous les bras… 

(Début de parenthèse : D’ailleurs, il faut que je retranscrive (assez librement) cette fameuse conversation qui a eu lieu quelques semaines auparavant :

Dr Guilé : Il y a une exposition sur la Sainte-Russie au Louvre qui pourrait vous intéresser [oui, après plus de cinq ans, on se vouvoie encore mutuellement].
Moi : Il y a aussi une exposition à Orsay, « Crime et châtiment », que je voudrai voir. Vous en avez entendu parler?
Dr Guilé : Oui. Vous devez la voir. C’est tout à fait vous. Je crois que vous allez adorer et vous devez vous ramener le catalogue de l’exposition, bien sûr.

Fin de la parenthèse.)

Évidemment, en voyant autant d’œuvres impressionnistes, je me devais de faire mon tour guidé de Montmartre à Michel… qui a suivi immédiatement la visite du musée. Sinon, autre coin touristique a été le château de Vincennes. Personnellement, je crois avoir vu trop de châteaux médiévaux que ça ne me fait plus aucun effet d’en voir un, mais ce fut un moment qui a été agréable à partager avec lui.
Un jeudi, on s’était donné rendez-vous avec Antoine et Sandra au Carrousel du Louvre pour lui faire visiter Paris. Petite visite au Palais de Justice, à l’Hôtel-Dieu, chez Berthillon (les meilleures glaces au monde, et que personne ne vienne me contredire à ce sujet… juste regardez la liste des parfums offerts sur leur site : http://www.berthillon.fr), etc. D’ailleurs, Berthillon est probablement le seul commerçant de glaces qui ferme ses portes durant la période estivale. Ils ont poursuivi leur visite près du Ménilmontant et des Buttes-Chaumont tandis que je me suis dirigé vers la Bastille pour voir une exposition sur les pochettes de vinyles (oui, l’influence de mon frère concernant l’art, et particulièrement l’univers de la musique, est assez grande) avec un ami avant de retrouver Michel, Sandra et Antoine pour une soirée vins et fromages chez Patrick, qui hébergeait deux Québécoises d’Abitibi. Michel a donc bu sa première bouteille de vin (bon… c’était du vin blanc qui ne goûtait pas grand-chose… mais il faut bien commencer quelque part).
Le lendemain, en soirée, après un petit resto (toujours avec Sandra, Antoine et Isabelle) près de la Bastille, on est allé à la Tour Eiffel pour faire une visite de la ville en bateau-mouche. Oui, la chose plus touristique à faire que j’ai réussi à éviter pendant cinq ans… bon bien, c’est fait. Très joli de voir les bâtiments historiques éclairés la nuit et de passer sous les multiples de ponts. Toutefois, commentaires audio atroces (surtout les versions anglaises et allemandes… de quoi s’écorcher les oreilles avec l’accent français expressément exagéré selon moi), on repassera.
Le samedi, on a fait (toujours avec le même beau monde) un tour du beau Paris historique avec les Vélib’, les vélos « gratuits ». Dans le concept, c’est bien. En pratique, c’est une autre histoire si c’est la première fois. Sans explication claire et précise, pour sortir six vélos, cela nous a pris une bonne demi-heure (et je soupçonne plus). Et on comprend le français! Bref, la première demi-heure a été facturée sans qu’on n’ait fait un seul tour de pédale… Faire de la bicyclette à Paris, finalement, ce n’est pas pire que Montréal, mais c’est vrai que les pavés, ça donne l’impression qu’on est en pleine crise d’épilepsie sur roue.
Avec l’histoire des cendres du volcan islandais et des grèves de train (la France était complètement paralysée en termes de transport), Michel a dû rester en France plus longtemps, car il n’y avait aucun moyen pour qu’il retourne à Montréal. Il a profité des 3-4 jours supplémentaires chez Sandra (pour des questions pratiques de transport s’il devait se rendre à l’aéroport rapidement), passait ses journées avec Antoine (pendant ce temps, j’étais à Rouen pour donner une formation), et on soupait tous ensemble en soirée.
Bref, son séjour a été apprécié et m’a permis de revoir Paris d’un autre point de vue, celui de la personne qui visite et découvre. J’avoue avoir pu découvrir des coins de Paris que je ne connaissais pas encore, et c’est bien de pouvoir se dire qu’après tout ce temps, je réussis encore à me faire surprendre par la ville.
Pour avoir le détail des impressions de Michel de son voyage, vous pouvez consulter son blog à cette adresse : http://avrildansparis.blogspot.com/


dimanche 4 avril 2010

Portugal

Le trajet en autobus de Séville à Lisbonne a duré six heures. Ce fut un moment de pause où on j'ai pu prendre plusieurs mini-siestes, avancer ma lecture du livre "Contes de la chambre de thé" (je vous le conseille d'ailleurs pour ceux qui s'intéressent au thé et à la culture asiatique), écouter un peu de musique, déblatérer quelques conneries à Nicolas (disons que maintenant, on verra les parcs pour enfants avec l'asphalte noir d'une toute autre manière... surtout avec une station de service qui vend des litres d'huile d'olive), etc. Je sens que je me dois d'écrire cela, car ce sont ne sont pas seulement des moments forts et intenses que je vis, mais aussi des banalités qui aussi plaisantes.

Nous sommes arrivés à Lisbonne vers 22 heures. Première chose à faire, c'était de se trouver une auberge de jeunesse. Nous avions envoyé au total environ une vingtaine de demandes de couchsurfing et le peu de réponses que nous avions obtenues ont été négatives. Bref, le couchsurfing à Lisbonne, ce n'est pas trop fort, surtout quand je reçois encore des réponses de gens (quelques jours après mon retour)... La première auberge à laquelle nous avions cogné à la porte se situe à quelques minutes d'une station de métro, en plein cœur de la ville. Pour 14 euros la nuit, nous avons droit à une cuisine professionnelle, un lounge/salon assez vaste, un écran géant pour écouter des films, un mini-bar, des postes Internet (que des ordis Mac), une douche très design, un système de sécurité informatisé, etc. Bref, nous étions très impressionnés. On a fait connaissance avec Carlos, un Brésilien, qui était dans notre chambre. Nous sommes sortis la nuit même avec lui et d'autres Brésiliens dans Bairro Alto, un quartier très animé de la ville pour sortir. Plusieurs bars sont alignés sur quelques rues et les gens fêtent en pleine rue. Comme en Espagne, la bière n'est pas chère (environ 2-3 euros la pinte... on est loin du 7-8 euros à Paris).

Nous sommes rentrés vers 3h ou 4h du matin (le décalage horaire, ainsi que l'heure avancée dans la même journée, nous a un peu perturbé), et après un petit 5h de sommeil, nous sommes partis explorer Lisbonne. Nous avons marché dans les petites ruelles sinueuses d'Alfama, dans les quartiers historiques de Baixa et Chiado, le long de la rive à Belém, etc. On a testé la cuisine portugaise et son fameux poisson (très huileux et salé par contre)... et Nicolas a englouti un nombre incalculable de pastéis de nata, une pâtisserie typiquement portugaise qui vaut réellement le détour. C'est délicieux avec un bon espresso...

Cette journée-là, on a dû changer d'auberge car il ne restait plus de places dans celle où nous avions passé la première nuit. Nous avons marché quelques mètres pour tomber sur une qui avait une ambiance tout autre. Alors que la première était dans la grosse technologie et le "full-equiped", celle-ci faisait un peu "salon de grand-mère" pour reprendre les mots de Nicolas. Très confortable et posé quand même, et nous avons réservé pour deux nuits. Pour souper, on s'est fait une sauce sphaghetti avec aubergines, carottes, champignons, ail, oignons, tomates, fromage frais, etc. Obtenir les ingrédients a été plutôt cocasse... Les gens de l'auberge étaient impressionnés par le fait qu'on cuisinait réellement et qu'on prenait notre temps (il est vrai qu'on monopolisait pas mal la cuisine... et dire qu'on voulait se faire un risotto au départ). Comme les dernières nuits ont été courtes, nous nous sommes allés nous coucher assez tôt (lire ici vers 1h du matin).

Pour nos dernières vingt-quatre heures de notre périple avant mon retour à Paris, et l'arrivée de Nicolas à Berlin, nous sommes allés à Sintra, à une quarantaine de minutes de train de Lisbonne. Actuellement, c'est un site protégé par l'UNESCO constitué de montagnes et de verdure. À partir de la gare, un autobus amène les touristes aux monuments/attractions pour environ quatre euros. Comme il faisait beau, nous avons décidé de marcher partout, au lieu de prendre les transports. La montée n'était pas trop difficile, ni trop facile; de plus, on pouvait bien profiter du paysage et de la vue. Les fausses ruines romantiques sont également plus appréciables lorsque nous sommes à pied qu'en autobus...

Notre premier arrêt a été le château des Maures et nous avons marché le long des remparts. La vue est tout simplement sublime. Nous avons aussi visité le château de Pena, un style d'architecture germano-arabo-médiévo-romantique. Pour finir, nous avons marché jusqu'à une grosse croix. À ce moment, nous avons trouvé un endroit extraordinaire, loin des gens, dans un calme des plus reposants, pour appeler Gabrielle, la coloc de Nicolas et Lydia, et ma future coloc, je l'espère. Nous nous étions convenus que je devais l'appeler lorsque nous étions dans un lieu dont on aurait aimé qu'elle soit avec nous. Oui, les délires entre moi et Gabrielle, c'est souvent difficile à expliquer aux gens. Nous sommes descendus de la montagne en appréciant sur notre route les différents arbres et les diverses plantes provenant de partout dans le monde. Il semblerait qu'un roi portugais a voulu créer un parc constitué de toutes les plantes de la planète. Nous sommes revenus à Lisbonne, et avec une bouteille de porto, on a savouré quelques gorgées, sur le bord de l'eau, face à l'Atlantique, avant de revenir à l'auberge pour se sustenter. 

Le lendemain, après déjeuner, nous sommes allés à l'aéroport. Le voyage m'a beaucoup apporté et m'a permis à faire le point sur plusieurs éléments de ma vie, et en particulier sur mon doctorat et mon année à Paris. Le retour a été difficile. J'avais les larmes aux yeux dans l'avion, un avion rempli de touristes qui n'attendent que de voir la Ville Lumière et de Français qui ont hâte de revoir amis et famille. Dans mon cas, je voulais juste aller n'importe où, tant que je fuyais Paris. Après une semaine magique avec Lydia et Nicolas, savoir qu'il faut revenir dans un milieu de travail qu'on déteste, avec des gens qu'on méprise intérieurement, ça fait beaucoup réfléchir sur ce qu'on accepte de subir en silence. Les deux prochains mois vont être aussi être chargés d'émotions et de péripéties. Je vais tenter d'agir cette fois-ci, au lieu de rester passif... et pourquoi pas, tenter une réconciliation avec Paris (avec l'hôpital, ça ne vaut même pas l'effort d'y penser).





dimanche 28 février 2010

Un samedi après-midi à la vietnamienne

Avant de partir pour Paris, ma grand-mère maternelle m'avait remis les coordonnées d'une de ses bonnes amies d'enfance qui habitait en région parisienne. Elle voulait que je la rencontre éventuellement lors de mon séjour. Après plus de neuf mois à s'appeler mutuellement pour se fixer une date, j'ai réussi à la voir samedi dernier. Pour la première fois depuis belle lurette, je n'avais pas de Couchsurfer chez moi la fin de semaine et je n'étais pas parti en voyage.

Elle m'invite donc d'aller dîner (déjeuner pour les Français... je ne m'habituerai jamais à employer ce terme, car je le juge inapproprié. Nous ne sommes plus à l'époque de Louis XIV qui déjeunait effectivement à midi, car il était un lève-tard. Le terme "petit-déjeuner" est apparu pour désigner le repas des gens du peuple qui devaient se lever tôt et devaient ainsi s'alimenter en attendant que le roi décide de se lever et manger. De plus, le "souper" était également un repas de "paysan", car jamais le roi allait descendre au niveau du peuple et manger une chose aussi peu délicate et fine qu'une soupe. Bref, comme la monarchie française est tombée depuis longtemps, et que la plupart des gens mangent le matin pour "cesser le jeûne", j'opte pour le retour des bons mots avec les bonnes définitions! Fin de la parenthèse).

Donc, elle m'invite à dîner. Dans la voiture, elle me décrit le menu: une soupe aux œufs et aux asperges, du riz, des travers de porcs au caramel, une salade, des fruits, et des pâtisseries. Bref, un mélange vietnamien et occidental.

Le repas est très bon et me rappelle plusieurs souvenirs. Quand elle m'a servi des oignons verts (souvent confondus avec des échalotes) marinant dans l'huile fraîche, j'ai souri en pensant que j'ai passé une bonne partie de ma vie à mettre ce condiment sur tout (surtout  sur des oeufs, ou avec du bi, une recette vietnamienne composée de porc rôti et d'ail et d'autres ingrédients qui me sont encore inconnus à ce jour). Elle m'a demandé si je connaissais ça. Ou plutôt, elle m'a demandé si je savais le manger.

Là, j'ai pensé à une réflexion que mon frère faisait souvent quand on mangeait en famille concernant cette expression "savoir manger (quelque chose)". Ma compréhension de cela a toujours été "es-tu capable d'en manger?", car le goût est quelque chose qui s'acquiert, qui s'apprend. Combien d'entre nous trouvions dégueulasse les épinards, par exemple, étant plus jeunes, mais qu'aujourd'hui, nous n'avons aucune difficulté... On aurait donc "appris à connaître" l'aliment, à "savoir" comme le savourer.

Autre que les conversations sur la famille, ce que je fais en France, de sa vie (et celle de ma grand-mère) à Saigon (toujours incapable de dire Hô-Chi-Minh-Ville... mes parents m'ont toujours appris à dire Saigon, et à dessiner le drapeau vietnamien avec des rayures jaunes et rouges, et non avec l'étoile jaune sur fond rouge), une partie des discussions portaient sur la nourriture. Ceci ne m'étonne pas, car j'ai grandi avec une mère et des tantes et une grand-mère qui ne me demandaient rarement directement la question si j'allais bien, mais en la posant en me demandant si j'avais bien mangé ou si j'avais faim. Je me demande si parler d'appétit et de nourriture, c'est un peu comme la météo au Québec, sujet de prédilection pour amorcer une conversation... L'un des sujets fût: existe-il de bons restaurants vietnamiens qui font du "pho" (soupe tonkinoise) de bonne qualité et à un prix raisonnable en région parisienne? La réponse: pas vraiment.

Bref, j'ai passé un bon samedi après-midi en compagnie de cette dame et de son mari (86 ans et très en forme). Ils m'ont fait pratiqué mon vietnamien qui est dans un état au-delà du rouillé... Étonnamment, je comprenais presque tout, mais sortir les phrases de ma bouche, ça prenait une concentration incroyable à choisir les bons mots et les mettre dans le bon ordre grammatical. Dommage qu'on n'a pas pu se rencontrer avant...
Et pour finir, petite anecdote qu'elle m'a raconté en me montrant son jardin. Elle me pointait un coin où elle avait jadis installé un étang avec des poissons. Malheureusement, les chats du voisinage mangeaient constamment les poissons, et elle a dû le transformer en un coin de jardinage. J'ai trouvé ça mignon et triste en même temps...

jeudi 4 février 2010

Lyon, capitale de la province

Pour ma deuxième fin de semaine de suite à l'extérieur de Paris, j'ai opté pour Lyon. C'est une ville que je voulais visiter depuis longtemps, mais je n'avais jamais trouvé la bonne occasion lors de mon premier séjour en France. Entre temps, j'avais rencontré un Lyonnais à Montréal lors du Jour de l'An 2008-2009, Sébastien, et il me parût assez sympathique et vive à la technologie, j'ai gardé quand même contact avec ce gars.

Lyon fait partie des trois plus gros centres urbains de France (avec Paris, bien sûr, et Marseille). Contrairement à Paris, l'ambiance générale de la ville est beaucoup plus détendue. Beaucoup de touristes quand même, mais pas de façon aussi massive que la capitale française... et c'est tant mieux d'une certaine façon.

La ville m'évoque un croisement entre Prague et Québec (la ville): Prague pour les différentes couleurs pour les murs des bâtiments et immeubles, et Québec pour une ville construite sur un sol à pente assez abrupt. Donc, il y a des escaliers et des funiculaires pour se rendre à certains endroits de la ville. Deux cours d'eau, la Saône et le Rhône, traversent la ville et créent une presqu'île à l'intérieur même de Lyon.

Lyon semble conserver ses vestiges romains (avec les arènes) et médievaux. Beaucoup de rues pavées, de vieux bâtiments, de traboules (sortes de passages à travers des immeubles pour passer d'une rue à une autre), etc. Lyon, c'est aussi un côté plus moderne, avec un développement urbain exponentiel.

Bref, ma fin de semaine peut se résumer à deux activités principales: se balader dans les rues de Lyon pendant quelques heures, et découvrir de la musique. En fait, c'est comme ça que je me suis lié d'amitié avec Sébastien il y a à peu près un an, c'est par le partage des goûts musicaux. Beaucoup de dub, de reggae, et de trip hop. Rien d'extravagant en soi comme fin de semaine, si on oublie le fait qu'il semblait régner un mimétisme entre lui et moi de façon totalement involontaire et accidentelle (même couleur de T-shirt, même bière et même bouffe commandées au resto, etc.). Ah oui, il y a aussi le fromage de raclette sur le paté chinois, pour en faire un mélange savoyard-québécois... très bon malgré les détracteurs éventuels...

Sur ce, quelques photos:

 
 

mercredi 20 janvier 2010

Comme dans un bureau beige et gris

Depuis quelques mois, je me sens un peu émoussé émotionnellement. En gros, je ne semble plus réagir positivement ou négativement aux gens, aux activités, etc. J'ai l'impression d'être sur le neutre constamment. Je suis encore capable de remplir les contrats sociaux, et paraître amusé dans les spectacles ou les soirées avec des gens, ou triste quand quelque chose d'outrageux arrive, mais à vrai dire, ça me fait ni chaud ni froid. Je fais des musées, mais les œuvres ou les expositions ne me disent plus rien. Je vis sur le pilote automatique.

C'est peut-être pourquoi je néglige un peu ce blog, car je ne trouve rien d'intéressant à dire sur ce que je vis. Je peux toujours chialer sur les choses qui m'énervent en France, mais rendu à ce point, c'est de l'acharnement et de la redite. "Oui, Christophe, tu es écœuré de Paris, peut-on maintenant passer à autre chose?" est la phrase que j'imagine que plusieurs personnes doivent penser actuellement en lisant mon blog ou en me parlant dans la vie réelle.

Je ne me sens pas triste, ni désespéré, ni coupable, ni inadéquat. J'essaie de bien manger (avec les portions de fruits et légumes recommandées, ainsi qu'un peu de poisson à toutes les semaines), de marcher beaucoup pour me tenir un peu en forme, et d'adopter de bonnes habitudes de vie. Je ne souffre pas d'insomnie ni d'hypersomnie. Bref, pas vraiment en dépression (même si mes propos des paragraphes précédents semblent aller dans ce sens), juste émoussé sur le plan affectif.

Selon Nicolas (dont vous pouvez lire son blog Temps libres), je devrai peut-être changer d'environnement, de routine. Voyager est une option réalisable en Europe. Peut-être est-ce la raison pourquoi j'avais bien vécu mon premier séjour à Paris parce que justement, j'allais dans une nouvelle ville les fins de semaine, faisant une pause de la capitale française.

Peut-être aussi que je fais partie des gens qui ne peuvent pas tolérer de vivre dans un mois de novembre en permanence (il pleut et il fait gris presque à tous les jours à Paris depuis novembre ou octobre).

J'espère que mes quatre derniers mois en Europe seront plus sous un ciel plus bleu. Je crois encore qu'après la pluie, il y a le beau temps, et que ce dernier peut durer. Souhaitons que je n'ai pas tort sur ce coup-là.

mardi 5 janvier 2010

Oberndorf am Neckar

Pour célébrer la fin de l'année et de la décennie, j'ai décidé de retourner (encore) en Allemagne pour revoir Lena, cette fois-ci dans son village natal, Oberndorf am Neckar, près de la Forêt Noire. Ce fut un accueil très chaleureux que j'ai reçu de la part de ses parents, bien qu'ils ne parlaient pas vraiment anglais. Bref, j'ai pu profiter de beaucoup de bonnes bouffes. Contrairement à ce que l'on peut penser, on peut bien manger en Allemagne et ce ne sont pas seulement des pommes de terre et des saucisses!


Comme c'est un petit village et qu'il pleuvait et que c'était la fin de l'année, on n'a pas fait mille et une activités, l'une à la suite des autres. Nous avons quand même visité le château fort des Hohenzollern qui appartenait aux rois de Prusse. C'est un lieu touristique qui vaut la peine d'être vu si on est dans le coin. Ça fait "château de contes de fées" sur le sommet d'une montagne avec le brouillard couvrant la vallée, et je trouve ça magique. Aussi, je préfère personnellement un vieux château austère que celui de Versailles (et ses semblables) où la richesse déployée à outrance me donne maintenant la nausée. Pour paraphraser Lena, on comprend maintenant toute la révolution française en marchant dans les jardins de Versailles!

Le 30 décembre, plusieurs amis de Lena sont venus passer quelques nuits chez elle. Au total, avec ses parents, on n'était dix dans sa demeure! J'ai trouvé ces journées un peu difficile, car tout le monde parlait en allemand. J'essayais de capter le maximum de mots, et de bien enregistrer dans ma tête l'intonation, puisque je suis en train d'apprendre moi-même l'allemand. Très difficile comme langue pour la grammaire, mais pour la prononciation, Lena me dit que je l'ai plutôt bien, étant que l'accent québécois me permet de faire des sonorités que les Français ne peuvent pas.


Pour la Veille du Jour de l'an, une salle avait été réservée. Pour 20 euros, la nourriture (schnitzels, spaetzle, poulet, légumes) et l'alcool étaient à volonté. Je crois que la tradition veut qu'on soit assis à des grosses tables qui font plutôt "cafétéria" ou "cantine". Un peu avant minuit, tout le monde est sorti dehors pour les feux d'artifices... allumés par des non-professionnels. Bref, des Allemand(e)s allument des explosifs achetés plus tôt au beau milieu de la rue. Auditivement et visuellement, ça donnait l'impression d'une ville en guerre. Or, c'était quand même beau à voir et surtout très impressionnant. Exit les "Final Countdown"! Ici, on fête en chantant et en lançant des pétards et des feux d'artifices.

Sinon, je suis revenu il y a quelques jours à Paris, car je recommençais le 4 janvier. D'ailleurs, en ce 5 janvier, j'ai débuté deux nouveaux cours, l'un sur l'accès à la conscience (en français) et l'autre sur l'apprentissage et la mémoire (en anglais). Très intéressants, mais le cours donné par le professeur Roediger (de l'Université de St-Louis, aux États-Unis) sur l'apprentissage est vraiment captivant. Aussi, j'ai fait mon examen médical aujourd'hui; je remplis les conditions de santé pour rester en France. J'attends maintenant les nouvelles étapes à effectuer pour compléter mon dossier pour la carte de séjour.

Ah oui, mes Couchsurfers néerlandais (William et Bob) sont revenus chez moi lundi soir avant de repartir pour la Hollande. Bref, semblerait-il que je dois faire un tour dans leur ville (Zwolle) d'ici la fin de mon séjour en Europe... surtout que je dois récupérer des livres que je leur ai passés!

Et voici quelques photos:









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mardi 1 décembre 2009

Situation actuelle et émotions

Depuis les dernières semaines, je crois avoir passé à travers cinq des six émotions de base: joie, colère, dégoût, tristesse, surprise et peur. Relatons les événements marquants:

Commençons par le plus désagréable. Le 17 novembre, après cinq mois d'attente pour que la préfecture me délivre finalement ma carte de séjour me permettant de vivre mon année en France (ouvrir complètement mon compte en banque, entre autres... car pour l'instant, je ne peux que déposer de l'argent dans un compte français, mais pas le retirer sans passer par mille et une démarches administratives), je suis allé à la préfecture des Yvelines (région départementale dans laquelle j'habite) afin de finaliser mes démarches. J'avais passé une semaine à vérifier compulsivement ma liste des documents à fournir pour m'assurer que rien ne manquait (originales et photocopies): passeport, acte de naissance délivré au cours des six derniers mois, visa, lettres confirmant que j'ai bien reçu des bourses (ainsi qu'un relevé bancaire prouvant que les montants ont été versés dans mon compte), facture d'électricité, bail, quittance de loyer, preuve de scolarité, convention de cotutelle, quatre photos identiques, cartes d'identité de ma colocatrice, passeport de mon directeur, les trois derniers talons de paies de mon directeur, ainsi que son dernier avis d'imposition, diplôme de ma maîtrise (par contre, ils ne voulaient pas une copie de mon mémoire), assurance sociale et santé, et je crois que c'est tout. La routine administrative, quoi! Bref, après quelques heures d'attente (malgré le fait qu'on m'ait convoqué pour 10h le matin) et vérifier les dizaines de documents (originaux et photocopies), j'ai attendu encore quelques heures pour me faire dire que: 1) on a besoin d'autres documents supplémentaires (qui ne sont pas dans la liste); 2) votre carte de séjour va prendre un autre trois mois pour être délivré; 3) vous ne pouvez pas quitter l'espace Schengen... en fait, vous pouvez le quitter, mais vous ne pouvez pas revenir sans obtenir un nouveau visa (et on sait que ça a été long et pénible pour l'obtenir au départ). Bref, alors que j'étais prêt à faire mes bagages car je m'attendais à me faire rapatrier, je me fais dire que pour le temps des Fêtes, il faut oublier le fait de revenir à Montréal. À ce moment-là, j'étais d'abord surpris par la tournure des événements, ensuite triste de ne pas pouvoir revenir à Montréal (alors que je planifiais déjà les retrouvailles et tout), en colère envers l'adminstration française (comment ne pas l'être), et finalement, je suis venu à être complètement dégoûté de la France.

En fait, j'étais en "beau joual vert" et après quelques appels à Montréal à certaines personnes pour annoncer la nouvelle, je me suis mis à réfléchir sur mes six mois en France. J'ai eu alors peur pour mon année doctorale, réalisant que les choses n'ont pas avancé car j'attendais, oh surprise, la réponse administrative du comité d'éthique depuis cinq mois pour que mon projet soit approuvé afin que je commence réellement ma recherche (mon but premier en venant ici). De plus, les cours suivis étaient une pure catastrophe (je n'ai jamais vu des profs aussi mauvais... même un certain professeur de biochimie au bacc. en sciences biomédicales à l'Université de Montréal était un roi de la pédagogie en comparaison). Bref, à force de me faire niaiser et de perdre mon temps, j'ai décidé d'ammorcer les démarches pour terminer le séjour en France, et finalement abandonner le doctorat du côté français.

Mon directeur de thèse français a eu très peur, et il s'est mobilisé afin que je reste. Quelques coups de fil ici et là, des rencontres à gauche et à droite, et je me retrouve avec un attaché parlementaire qui écrit à la préfecture pour tenter de renverser la situation, un service psychiatrique qui se rend finalement compte que j'existe et qui me font maintenant les yeux doux (certains m'invitent même à manger avec eux ,et même aller prendre un verre avec eux), finalement la possibilité de faire de la recherche sans me faire bloquer le chemin, et bientôt, un débat parlementaire au gouvernement sur la situation des étudiants étrangers (c'est que mon directeur de thèse travaille actuellement à accomplir avec le député s'occupant de mon cas). Qui aurait su que menacer d'abandonner un doctorat pouvait vraiment faire mobiliser des gens?

Bref, actuellement, je complète encore quelques formalités administratives (je suis rendu à un point qu'un document de plus ou de moins, je m'en fous) et j'attends la décision finale pour savoir si je peux revenir pour Noël à Montréal...

Entre temps, j'ai décidé de faire un retour au Quiz du Lundi au Lion's Pub, où se tient la rencontre hebdomadaire de Couchsurfing, après quelques mois d'absence. J'avais un peu de difficulté avec ces rencontres, car je trouvais qu'il y avait trop de monde, et qu'il y avait une grosse clique sectaire difficile à percer. Bref, j'ai rencontré quelques personnes et revu d'autres gens. Ça me permet d'entretenir l'illusion que j'ai une vie sociale palpitante. À ce point-ci, je m'en fous un peu de savoir si je suis en train de tisser des liens d'amitié ou si je fais du social pour jouer le jeu. En tout cas, c'est en France que j'ai appris à développer des relations superficielles.

Sinon, j'ai célébré mon anniversaire chez Patrick, un ami (dans la catégorie des relations non superficielles) vivant à Paris, en compagnie de quelques personnes avec qui j'entretiens de bons liens depuis quelques années, dont Sandra, celle qui m'a hébergé et nourri il y a quatre ans pendant quatre mois à Paris. Soirée plaisante avec bouffe, vins, discussions et quelques jeux...

J'ai également revu un artiste québécois que j'aime bien, Dany Placard, à l'International. C'était un petit concert d'une heure, très intime (on était sept je crois dans la salle), mais très agréable. Un moment où j'avais la sensation d'être à Montréal au Quai des brumes, à l'Esco ou au Divan Orange... Tant qu'à parler de concerts d'artistes québécois, je ne suis pas allé voir les Cowboys Fringants mercredi dernier, car je n'ai pas aimé les derniers albums, et que je les ai vus trop souvent en concert. Je préfère réserver mon 30 euros pour quelque chose d'autre.


J'ai aussi eu la possibilité d'aller au salon des vignerons indépendants dimanche dernier, où j'ai pu déguster (gratuitement) plusieurs vins français. Plusieurs belles découvertes et quelques bouteilles ramenées... J'ai une nette préférence pour ce salon que pour celui qui se déroule à Montréal (où on doit payer pour chaque dégustation). Le problème, c'est que le salon de Montréal nous oblige donc à finir notre verre car on ne veut pas gaspiller le verre de vin qu'on vient de payer (entre 1 à 5 $). Celui de Paris, ils nous versent assez pour avoir une ou deux gorgées pour réellement déguster sans se saoûler automatiquement. Je crois que c'est la première fois que je recrachais mon vin, mais c'était une sage décision pour bien goûter à un peu de tout se apprécier sans finir à quatre pattes. Il y a quelques autres salons du vin dans le mois à venir auxquels j'ai reçu des invitations... Je vais peut-être revenir à Montréal avec une bien meilleure connaissance du vin!

Voici donc ma vie au cours des derniers temps chargée de plusieurs émotions primaires. Si vous êtes parvenus à finir la lecture de ce texte, des commentaires seraient bien appréciés!

mercredi 4 novembre 2009

Marburg - prise 2

Environ deux mois plus tard, je suis revenu à Marburg (Allemagne) pour revoir Lena. En fait, du 4 au 11 novembre, je serai à Berlin pour la commémoration de la Chute du mur et comme Marburg était sur mon chemin, et que Lena faisait un party d'Halloween, j'ai décidé de partir plus tôt de Paris et m'arrêter dans ce petit village féérique.

Halloween en Europe, du moins en France et en Allemagne, ce n'est pas la grosse fièvre comme en Amérique du Nord. Les maisons décorées font exception, et les boutiques ne sont pas recouvertes de citrouilles grimaçantes et de toiles d'araignées. C'était la première année de ma vie que je ne voyais pas d'enfants sonner aux portes vers les 18h... Un peu déstabilisant pour un Nord-Américain pour qui Halloween est une fête ultra médiatisée au point de s'en écoeurer.

Comme j'étais dans une ville estudiantine, il y avait effectivement des soirées costumées en ce 31 octobre. Lena était déguisée en orpheline maléfique et moi en Aladdin. Constatation: il fait peut-être un peu froid en Allemagne pour se déguiser en personnage des mille et une nuits! Nous sommes allés à une fête avec ses amis et ce fut extrêmement plaisant. Il faut avouer que j'ai un faible pour les soirées costumées...

4h du matin, moi et son ancien copain (déguisé en boucher) sommes retournés chez Lena pour dormir un peu. Autre constatation: je suis très mauvais avec les clés à l'ancienne (vous savez, quand vous demandez à un enfant de dessiner une clé, et il vous sort quelque chose qui semble dater du Moyen-Âge ou provenir du château de Barbe-Bleue). Déjà qu'à l'hôpital, je me bats à chaque fois avec les serrures, cette fois-ci, ce fut pour la salle de bains. Bref, je peux maintenant dire que j'ai réussi à m'embarrer dans une toilette et que j'ai dû sortir par la fenêtre, toujours déguisé en Aladdin...

Pour les autres jours à Marburg, ce fut très calme et reposant: thé/café au Roter Stern, petit café rappelant par moments l'Escalier à Montréal, natation à la piscine (me baigner me manquait énormément), promenade dans le village, et quelques bières en soirées dans des bars déjà mentionnés précédemment (Sudhaus, Cavete, etc).

Pour ma dernière soirée, petit cours d'arts martiaux de deux heures. Très particulier de suivre un cours donné en allemand... Bref, il y a quand même des limites à observer et imiter un professeur... une chance que Lena me faisait une traduction simultanée! Je me suis rendu compte qu'après toutes ces années à faire du Teakwon-do, certaines bases restent... Et vraiment, toute ma frustration envers l'administration française a été évacuée sur le bouclier rembourré...

Bon, il est temps de prendre mon train pour Berlin... à bientôt!

vendredi 30 octobre 2009

Ras le bol

Ça fait cinq mois que j'ai quitté Montréal pour venir "faire de la recherche" à Paris. Actuellement, je suis convaincu que ce fut une grave erreur de ma part. L'hôpital La Pitié-Salpêtrière a eu une longue histoire intéressante pour ce qui est de la psychiatrie. Des grands noms tels que Philippe Pinel, Sigmund Freud, Joseph Babinksi, Jean-Martin Charcot et Jean-Étienne Esquirol ont soit étudié ou exercé dans cette institution. Au départ un petit arsenal pour fabriquer de la poudre (non blanche!), il fut converti au 17e siècle en hôpital.

Pour plusieurs auteurs, la psychiatrie moderne est née à la Salpêtrière. On s'attendrait donc que, pour un étudiant en sciences psychiatriques au 21e siècle, le milieu est stimulant et offre une opportunité de voir ce qu'il y a de plus innovateurs dans le domaine. Malheureusement, ce n'est pas ce que je vis actuellement. Pour avoir travaillé pendant quatre ans à l'hôpital Rivière-des-Prairies et au Centre de recherche Fernand-Seguin, j'ai pu voir comment au Québec, on était doué pour faire avancer les recherches en santé mentale. Les efforts sont mis de l'avant pour investiguer les troubles psychiatriques afin d'améliorer notre compréhension de la psychopathologie et contribuer à la pratique clinique. Bref, après quatre années dans un environnement stimulant où les échanges existent, je suis royalement déçu par la Pitié-Salpêtrière. J'ai cette impression qu'ils sont pris quelque part au milieu du 20e siècle, et que les choses ont figé dans le temps. Pour la recherche, il faut quasiment harceler les cliniciens qui se disent ouverts pour obtenir quoi que ce soit. Les échanges entre professionnels se font de manière hiérarchique, où les étudiants ne font qu'écouter sans oser glisser un seul mot de ce qu'ils pensent aux grands professeurs et médecins. Ainsi, j'ai juste hâte d'avoir fait mon temps (oui, je vois maintenant ça comme une peine à purger, et il me reste sept mois avant ma libération définitive, et 47 jours avant ma libération conditionnelle).

Je crois que l'élément qui m'a complètement abasourdi, c'était le commentaire d'un médecin lors d'une conférence d'un psychologue de la Clinique des troubles de l'humeur qui présentait la thérapie dialectique-comportementale pour les adolescents ayant un trouble de personnalité limite. Selon lui, il n'était pas possible, ou plutôt très difficile à implanter, d'instaurer cette thérapie à la Salpêtrière, car c'était trop basé sur l'efficacité!

Parlons-en de l'efficacité, terme dont l'administration française semble y être allergique! Tout prend un temps fou, et on se dit qu'ils décortiquent le dossier en profondeur et qu'ils veulent faire un bon travail. Faux! À voir les commentaires ou recommandations, on se dit qu'ils ont sûrement lu les documents en diagonale. Et je ne parle même pas de l'histoire de ma carte de séjour (et je suis rendu à avoir le fantasme de ne pas l'avoir finalement et me faire rapatrier au Québec)...

Un historien avait déjà dit que la France était vouée à disparaître de l'histoire mondiale au 21e siècle comme état influent. En tout cas, si la France continue à se flatter en regardant les gloires du passé sans avoir une vision de l'avenir, ça risque fort d'arriver. L'état de la recherche en santé mentale est plutôt désolant... surtout que les étudiants ont un accès très limité aux articles scientifiques ou ne comprennent pas l'anglais (et on s'entend, les textes scientifiques, ce n'est pas de la grande littérature avec des figures de style très recherchées)! Si la relève n'est même pas capable d'avoir les ressources, comment veulent-ils avancer?

Suite à plusieurs présentations de chercheurs québécois en santé mentale, le chef de service en pédopsychiatrie avait soulevé le fait qu'au Québec, nous ne branlons pas dans le manche. Nous voyons une problématique, nous élaborons une hypothèse de recherche et nous nous mettons à l'action. Il dit que, malheureusement, la France est encore à l'étape de "on va en discuter". La discussion est un élément essentiel pour faire bouger les choses, mais ce n'est pas la seule étape. Il ne faut pas se le cacher, les Français sont de grands et bons orateurs... mais à quoi ça sert de parler et discuter si aucune solution n'est appliquée ou mise en pratique?

Ainsi, se conclut mon texte chargé de frustrations. Il fallait que je mette le tout en mots. Et aussi, depuis le temps que les gens me demandent ce que je pense des études en France, voici donc ma réponse franche et honnête. Je souligne que ceci ne reflète que ma pensée personnelle, et que si vous n'êtes pas d'accord, prouvez-moi le contraire.

Bon, je vous laisse, je m'en vais faire mes bagages pour l'Allemagne, pays où je n'ai pas à contenir et à réguler mes émotions (dont la colère) sur une base horaire face à autant de passivité.

vendredi 18 septembre 2009

Spectacles

Comme je l'ai mentionné dans le message précédent rédigé il y a à peine cinq minutes, en soirée, j'aime bien aller voir des concerts ou autre forme d'art. Voici quelques trucs que j'ai vu en septembre...

Les hurlements d'Léo (au Nouveau Casino)

C'est un groupe de Bordeaux qui font du java-punk-caravaning que je voulais voir depuis plusieurs années. Le nom du groupe provient d'une chanson des VRP (Léo). Les hurlements d'Léo ont aujourd'hui 13 ans d'existence et ils sont encore capables de donner un spectacle énergique avec un enthousiasme réel. J'ai vraiment apprécié le fait de pouvoir entendre des chansons de tous leurs albums, y compris les collaborations avec les Ogres de Barback (France), les 17 Hippies (Allemagne), ou l'Enfance Rouge (Italie). Dommage qu'ils jouent rarement au Québec... Pour le site officiel, c'est ici: www.hurlements.com

Misteur Valaire (au Batofar)


Pour les amateurs québécois d'électro, nul besoin de présenter ce groupe de Sherbrooke qui font de l'électro-jazz-débardeur. Un autre spectacle solide, avec une performance endiablée de la part de tous les membres du groupe. Évidemment, il faut aimer leur musique. Généralement, on aime ou on n'aime pas (n'est-ce pas, Olivier?)... moi, j'achète... ou plutôt, j'ai téléchargé légalement leur album offert gratuitement sur leur site (www.misteurvalaire.ca). Toutes les fois que j'ai vu ce groupe, je n'ai jamais été déçu. Cette fois-ci, un concert donné dans un bateau amarré sur un quai de la Seine. Une chance que le bateau n'a pas coulé, considérant qu'ils ont littéralement cassé la baraque à Tadoussac il y a quelques années (le plancher s'est effondré sous le poids des gens qui dansaient/sautaient). Ah aussi! J'ai organisé une rencontre avec d'autres couchsurfers pour leur faire découvrir Misteur Valaire. Des Français, une Américaine, un Vénézuélien, un Indien, des Allemands, et un Iranien se sont joints à moi, et ils ont tous vraiment aimé... à un tel point que plusieurs sont retournés les voir le lendemain à l'International...

Mission Florimont (au Théâtre Tristan Bernard)

La saison de théâtre a recommencé. Brice, l'interne en médecine qui est venu au Québec pour avoir un aperçu de la recherche à Rivière-des-Prairies, m'avait proposé d'aller voir une comédie qu'il avait bien aimé. Mission Florimont raconte l'histoire d'un "agent secret" plus naïf et peureux, Florimont de la Courneuve, qui se voit confier par le roi François 1er la mission de remettre un traité d'alliance à Suliman le Magnifique, sultan de l'empire ottoman. Une pièce bourrée de références historiques, mais aussi de l'actualité française. N'étant pas français, plusieurs blagues m'ont plutôt laissées indifférent, ne comprenant évidemment pas la petite référence connue de toute la salle! Mais j'ai pu lâcher plusieurs rires et sourires le long de la pièce. Pour une première oeuvre, c'était très bien. Personnellement, je suis plutôt amateur de drame qui patauge dans des thèmes tels que la misère humaine, le psychopathologie, le désir d'évasion (physique et psychologique), la révolte, etc. D'abord sceptique face à une comédie à la française, j'ai été très agréablement surpris. Expérience à recommencer donc!

Retour à la réalité

Après les voyages, l'été, les piques-niques quotidiens et le tourisme, la vie reprend son cours normal. Avec moi, une vie normale se résume à travailler sur mon projet de recherche en journée (sans compter les lectures d'articles scientifiques dans les transports ou en attendant des gens... et comme les Français ne sont pas, pour la plupart, des gens très ponctuels, j'ai souvent le temps de commencer et terminer un article en les attendant), et en soirée d'aller voir des concerts ou d'autres formes d'art.

Côté études/recherche, le système français me met encore des bâtons dans les roues, et ça pourrait prendre six mois avant que mon projet ne soit accepté au comité d'éthique. Toutefois, il m'est possible de récolter des données sur le plan symptomatologique, car certains questionnaires peuvent être considérés comme faisant partie du protocole d'évaluation habituelle, à la demande d'un psychiatre. Pour les données actigraphiques (http://fr.wikipedia.org/wiki/Actimétrie ou http://en.wikipedia.org/wiki/Actigraphy), je dois attendre leur accord... En attendant, je travaille dans la rédaction d'articles pour des projets connexes au mien. Au moins, ça met des lignes supplémentaires dans la section "publications" de mon CV. Bref, j'ai des choses à faire pour occuper mes journées.

Entre temps, j'héberge toujours des Couchsurfers. Depuis la fin d'août, j'ai pu héberger un Danois (Ragnar), deux Lettons (Janis et Eva), une Uruguéenne (Andrea), deux Hongrois (Zoltan et Tom), un Américain (Will) et deux Canadiennes d'Ontario (Jennifer et Jordi). Bref, côté social, ça va.

J'ai aussi reçu la visite de Marilou, avec qui j'étudie à Montréal (et qui m'a enduré pendant deux ans dans le même bureau à l'Hôpital Rivière-des-Prairies). En fait, elle faisait un voyage en Espagne, et elle a terminé son séjour à Paris pour le mariage de Natacha (une autre de nos collègues). Petit mot sur le mariage: époustouflant. La cérémonie s'est déroulée dans une synagogue. Très intéressante et instructive comme cérémonie, et j'avoue avoir eu un faible pour les chants qui entrecoupaient les paroles du rabbin. Après une pause de 3-4 heures où Marilou et moi avons dévoré un bol de moules au cury (excellent), la réception a eu lieu près de la Porte Dauphine dans le 16e arrondissement, l'un des quartiers les plus huppés de Paris. Il y avait un buffet gigantesque d'entrées, de hors-d'oeuvres, de sushis, d'appéritifs, etc... et il y avait des sculptures de glace de taille humaine! Les femmes étaient en robe de bal avec des longues traînes... bref on ne plaisantait pas! Marilou et moi avions l'air un peu "pas à notre place", car on ne s'attendait pas à un mariage aussi mondain. On a quand eu du plaisir et on était très heureux de voir Natacha, qui resplendissait, se marier (c'est celle au centre de la photo à gauche du texte).

Et voilà pour les petites tranches de vie. Pour terminer, voici quelques phrases que j'ai entendues dans les transports, à la préfecture, etc.

- (à la préfecture, la fonctionnaire renvoie la personne devant moi) "Madame, revenez demain. Ce certificat médical est illisible; demandez à votre médecin de se forcer à mieux écrire."
- "Ils ne sont quand même pas cons au gouvernement."
- "E comme Estelle ou Émile." (drôle de choix, mais au moins c'est clair)
- (soupir de la personne) "Mais tu sais, c'est la crise" (deuxième soupir)