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samedi 16 octobre 2010

Conclusion d'un séjour: troisième partie - Berlin

Dans ma tête, je suis réellement revenu à Montréal le 5 juillet 2010, à mon retour de Berlin. Peut-on réellement dire que nous avons conclu en voyage en Europe quand on y retourne à peine 3-4 semaines plus tard?

J'étais à Berlin du 26 juin au 5 juillet dans le cadre d'un congrès international sur le trouble de personnalité limite, trouble psychiatrique qui au cœur même de ma thèse. J'y allais pour présenter des données sur l'instabilité émotionnelle à l'adolescence. Ce fut probablement le congrès le plus pertinent auquel j'ai participé depuis le début de mon parcours en tant que biologiste médical spécialisé en sciences psychiatriques (pour ceux qui se posaient des questions sur mon titre)...

Je suis allé à Berlin, oui, pour une conférence, mais aussi pour dire au revoir à l'Europe. Lui dire au revoir sur une belle note. Quitter Paris dans un état émotif assez instable, disons que ça ne conclut pas parfaitement un séjour et débuter une nouvelle aventure. Revenir à Berlin, c'était renouer avec les moments plaisants que j'avais eu pendant mon année en Europe.

L'avantage de revenir dans une ville pour la troisième ou la quatrième fois, c'est que nous ne sentons plus la pression de la visiter. Nous pouvons enfin s'arrêter pour la vivre. Les premières fois, j'allais voir mille et un musées, monuments, lieux historiques. J'étais là pour vivre la vie berlinoise (surtout est-berlinoise) comme elle se doit.

Pour ce séjour, j'ai été hébergé par Kaja, une Couchsurfeuse que j'avais rencontrée quelques mois auparavant lors de la commémoration de la Chute du mur. Nicolas ne pouvait pas m'héberger à cause de ses colocs. Ce n'était pas trop grave, étant donné qu'il habitait à dix minutes à pieds de l'appartement à Kaja.

Berlin, ce fut de longues marches dans les grands parcs, les baignades quasi-quotidiennes dans les multiples lacs qui entourent la ville. Sérieusement, à voir mon album-photos, ça ne semble pas que j'ai passé la semaine dans une ville-capitale.

La semaine à Berlin, c'était revoir Lena pour une dernière fois avant mon retour définitif à Montréal. Elle avait le voyage jusqu'à la capitale afin qu'on puisse passer un peu de temps ensemble. Elle n'était allée à Berlin qu'une seule fois avec sa classe quand elle était plus jeune. Je trouvais ça un peu comique de jouer (encore!) au guide touristique à une Allemande dans sa propre capitale. J'ai aussi revu le temps d'une bière (ou deux, ou trois) Alex et sa copine Susan, que j'avais rencontré il y a un an à la Place des Vosges à Paris. Alex m'avait hébergé à Berlin en novembre par la suite.

C'est à Berlin que j'ai pu me ressourcer, me sentir bien, me reposer. Outre les lacs et les mini-randonnées, c'étaient les bars et les boîtes de nuit (entrer dans un club à 1h30 du matin, ça faisait longtemps que ce ne m'était pas arrivé). Le prix très abordable des sorties: une rareté à Paris, une chose courante à Berlin. Une bière de 500 ml (50 cl) à deux euros, c'est très cher à Berlin. Et les döner kebap à 4h du matin, cela me manque réellement.

J'ai pu pratiquer mon allemand très débutant. D'ailleurs, ce fut avec une amie à Nicolas, Vanessa, que j'ai eu mes premières conversations en allemand, puisqu'elle ne parlait qu'espagnol et allemand (et un peu d'anglais). Étrangement, je comprenais les serveurs et en retour, ils saisissaient ce que je voulais dire (sans avoir à pointer ou à faire des gestes).

Ma pensée est plutôt décousue, car quand on prend plusieurs mois avant de mettre en mots ses expériences, il nous reste que des souvenirs, des évocations, sans réel fil conducteur.

Berlin fait maintenant partie de mon passé... pour l'instant. Un retour s'imposera éventuellement. Actuellement, je suis à Montréal et je vais profite pleinement de l'instant présent. Le goût de voyager me reprendra sûrement très bientôt, mais j'ai refait le plein, même si ce n'était que le temps d'une semaine dans une ville déjà connue. 

Ainsi se conclut cette année en Europe, mouvementée, certes, mais des plus nécessaires.

samedi 31 juillet 2010

Conclusion d'un séjour: Deuxième partie - Montréal

Revenir à Montréal, un désir qui était présent en moi depuis plusieurs mois, se concrétisait enfin. J'avais fini par ne plus y croire. Je m'étais fait à l'idée que Paris était devenu mon point d'ancrage. Dans l'avion, j'étais assis à côté d'une famille provenant de Metz, et pendant une bonne partie du trajet, je leur faisais une introduction à Montréal, les choses à faire et à voir. C'était en quelque sorte une préparation mentale à ce qui m'attendait quand l'avion allait atterrir. Plusieurs appréhensions, je dois l'avouer. Quoi dire aux gens après une année d'absence?

Mes parents sont venus me chercher à l'aéroport. Il fallait s'y attendre, ce fut des retrouvailles à haute teneur émotionnelle. Je crois que c'était l'une des rares fois que j'ai vu ma mère pleurer. Nous sommes allés manger une soupe tonkinoise et ils m’ont déposé à l’appartement où j’avais passé l’année 2008-2009 avec mon frère (celui sur la rue de Bordeaux). En rentrant dans l’appartement, j’ai vite compris qu’allait être le prochain mois : une période de transition où je ne serais pas vraiment à ma place socialement, professionnellement, psychologiquement et géographiquement parlant.

Je suis allé rendre visite à Lydia et Gabrielle, et du même coup, voir quel sera mon nouveau chez moi et qui seront mes futurs colocataires. Quand je suis arrivé au 4805 av. Papineau, c’était le début d’un party : Jérémie, l’un des colocataires, fêtait son anniversaire. J’ai en même temps fait la connaissance des multiples voisins vivant dans le même immeuble. Même si la date de mon déménagement a été fixée le 17 juin 2010, je me retrouvais là presqu’à tous les deux jours.

Tranquillement, j’ai revu les gens. Je ne sentais pas l’envie de faire un gros party ou de passer à travers mon carnet de téléphone pour annoncer à mes amis que j’étais réellement revenu à Montréal. J’essayais de comprendre le monde autour de moi.

J’ai réalisé à mon retour, durant les premières semaines, comment Paris s’est infiltrée dans mon être et mon esprit. D’abord, j’étais un peu surpris par le fait que les gens dans la rue semblaient exubérants, joyeux et heureux. Les couleurs vives sur les murs, les immeubles, les vêtements des gens, cela me troublait un peu. Les serveuses ou les vendeuses qui te disent « Bonjour, comment ça va? Est-ce que je peux t’aider » m’ont assez perturbé. Après une année à Paris, je trouvais ce comportement complètement déplacé, inadéquat et familier.

D’abord, le tutoiement. J’avais pris l’habitude à vivre dans un univers où le tutoiement était réservé pour des gens de mon âge avec qui j’entretenais un bon lien. Que ce soient des enfants, des adolescents, ou des gens dans la vingtaine que je ne connaissais pas bien, c’était le vouvoiement automatique. Ensuite, le fait qu’elles demandent comment ça va semblait être une intrusion de la bulle personnelle, surtout (dans le cas des serveuses) le contact physique, c’est-à-dire la main sur l’épaule. En fait, je comprenais comment Paris m’a appris à être froid et détaché dans les relations avec les autres.

Le retour à la Clinique des troubles de l’humeur (CTH) s’est fait très rapidement, soit deux jours après mon atterrissage. Revoir ses anciens collègues de travail, avec qui on s’entend bien, c’était apaisant. En fait, revenir à la CTH m’a fait réaliser comment l’environnement de la Pitié-Salpêtrière était toxique pour moi. Juste penser à cet endroit et aux professionnels qui travaillent là me donne la nausée. Je n’ai aucune fleur à lancer à cette institution française, et je sais que je serai incapable de poursuivre toute collaboration avec un psychiatre ou psychologue de cet hôpital. J’ai été d’une honnêteté déconcertante par rapport à mon séjour à la Pitié-Salpêtrière. J’espère que je serai le dernier Québécois à avoir été envoyé là-bas. Pour la collaboration Montréal-Paris, je ne vois qu’un échec certain. D’ailleurs, il y avait une stagiaire française, Sophie, de versant psychanalytique, qui était à la CTH le mois que je suis revenu. J’ai consciemment fait en sorte qu’elle comprenne que je ne vais pas l’aider à son intégration. Bref, pour moi, c’est un retour d’ascenseur très justifié. Surtout qu’elle avait défoncé la filière contenant pour mes données de recherche pour faire du « ménage »; elle disait qu’elle ne comprenait pas mon classement. Encore aujourd’hui, je suis encore en train d’essayer de retrouver tous les documents (car madame les a éparpillés dans plusieurs bureaux).

Ce fut un retour très graduel à Montréal, sans tambour ni trompette. Dans ma tête, ce n’était pas encore le retour définitif. Ce n’était qu’une transition. Je savais pertinemment que tant que j’avais encore un pied en Europe, je n’allais pas être totalement et complètement à Montréal. Bref, la conclusion de mon séjour, ce n’était pas à Paris, ni à Montréal. C’était à Berlin. 

lundi 19 juillet 2010

Conclusion d'un séjour - Première partie: Paris

Il est un peu étrange de relater des événements qui se sont déroulés il y a environ deux mois, mais je crois qu'il est nécessaire d'avoir un peu de recul avant de pouvoir raconter. De plus, ce message pourra autant servir de conclusion à ce blogue si j'arrête d'écrire, ou de texte-tremplin pour des articles futurs. Et comme l'indique le sous-titre de mon blog, il était logique que ce message parle à la fois de Paris, Montréal et Berlin, trois villes importantes dans ma vie.

Après mon séjour à Londres, je suis resté à Paris jusqu'à mon retour définitif. Je ne me rappelle plus trop des détails de ce que j'ai pu faire pendant ces 2-3 semaines, ce qui me permet donc d'aller à l'essentiel. Je me souviens d'avoir fait plusieurs expositions : la vie et l’œuvre d’Edvard Munch, connu surtout pour le Cri (à la Pinacothèque), le taoïsme en Chine (au Grand Palais), l’art moderne dans les tribus traditionnelles en Inde (au Quai Branly), le rôle de la mort, du sacrifice et du sexe dans l’art mochica (toujours au Quai Branly), etc. Pour l’exposition sur les nus de Lucian Freud, petit fils de Sigmund, ça a été un rendez-vous manqué. Je crois que c’est l’un des éléments que j’ai le plus appréciés en étant à Paris : la diversité et la richesse culturelle qu’offrent les musées.

Les derniers moments à Paris, je les ai passés avec Marie-France, une amie de Montréal. J’ai aussi reçu la visite de Roxane et Pamela, des amies du CÉGEP, quelques jours avant mon départ. Je crois qu’elles sont arrivées au bon moment, puisque cela m’a permis de clôturer l’expérience parisienne sur une note un plus positive. Avec elles, j’ai pu revoir une dernière fois le Paris touristique, repasser devant tous ces monuments qui ont servi de décor à ma vie au cours de la dernière année. Ce fut aussi l’occasion de faire des découvertes de dernières minutes, comme le château de Vaux-le-Vicomte, et de passer du bon temps avec certaines personnes très appréciées comme Sandra et Antoine.

Mon départ de la Pitié-Salpêtrière a été loin d’être émotif ou nostalgique. J’ai dit au revoir à certains employés, mais à l’exception de Nicolas, le statisticien avec qui j’ai partagé un bureau, aucun d’entre eux ne me manque. Deux mois plus tard, si on m’évoque cet hôpital, à part du mépris et du dégout, je ne ressens plus rien.

J’ai fait deux dernières soirées avant mon départ, une dans un bar (L’académie de la bière) sur boulevard du Port-Royal, et l’autre « chez moi » à St-Cyr-l’École. En rétrospective, il y a certaines gens qui ont marqué mon année et qui vont me manquer : Sandra (ma coloc d’il y a 5 ans), Brice (l’étudiant en psychiatrie que j’avais rencontré à Montréal il y a 2 ans), Patrick (rencontré sur Couchsurfing), Nicolas (le statisticien), Mélo et Fanch (mes colocs), Jean-Rémi, Floriane, Guillaume et Sylvain (les amis de mes colocs).

Au final, les derniers moments à Paris m’ont permis de clôturer l’année sans que je reparte avec des remords, des regrets ou des « j’aurais dû ». Je crois qu’avec une expérience comme celle-ci, vaut mieux avoir une fin sobre.


Je vous laisse, en attendant la deuxième partie de ce message, sur un texte écrit sur trois cartes postales par un résident en psychiatrie, Dr Craus, que j'ai rencontré à Paris:


"Les horaires d'ouverture souvent restreintes, les cafés fermés, les bousculades dans les transports publics, les sans-gènes, l'incorrection de ces Parisiens affairés, et le plus agaçant, les rodomontades à n'en plus finir bien que marbrées de suffisance. Cette ville est exigeante, pas toujours à propos... Mieux vaux y venir avertir et armé.
C'est charmant, si mignon, si romantique, quand une blonde vous tient le bras, la main, la jambe, sous un parapluie place Clichy ou une ombrelle dans l'allée centrale du Jardin des Plantes sous couvert des platanes, bordés de coquelicots aux couleurs fraîches et printanières. Et là, Paris, c'est la vie, essentielle.
Ainsi va Paris, tout en contraste, en beauté fragile. Mais restons légers!" 

mercredi 16 juin 2010

Dernière destination: Londres

Depuis longtemps, je voulais aller voir Londres. Plusieurs circonstances ont fait que je n’ai jamais pu m’y rendre : attaques terroristes dans le métro londonien au cours de l’été 2005, manque de temps en 2007, impossibilité de quitter l’espace Schengen en 2009. À moins d’un mois du retour pour Montréal, et avec une carte de séjour valide me permettant ENFIN de sortir de l’espace Schengen, Londres était un détour inévitable. D’ailleurs, cela a fallu de peu que je n’y aille pas à cause d’un certain volcan islandais. Donc, jeudi soir le 6 mai, après une entrevue psychiatrique à l’hôpital qui s’éternisait un peu, j’ai couru vers l’aéroport pour prendre l’avion.

Pour l’hébergement, quelques jours avant, j’ai contacté un des tous premiers Couchsurfers que j’ai accueilli à Paris, Mohammad, un gars très sympathique né de parents iraquiens mais grandi en Iran, et celui-ci m’a tout simplement reçu les bras grand ouverts. Comme l’a dit Nicolas, qui était avec moi aussi, rencontrer Mohammad à Londres vaut plus que tous les musées et monuments historiques que la capitale anglaise a à offrir.


Le premier contact avec Londres a été assez particulier. Dans le bus menant de l’aéroport au centre-ville, je vois les bâtiments à briques rouges qui me rappellent étrangement Montréal. Les noms des rues sont aussi familiers : Wellington, Hampstead, etc. Le système de transports en commun, toutefois, me rappelle qu’on est dans une capitale de l’Europe occidentale. Ceci signifie souvent beaucoup de lignes de métro, d’autobus, de train, etc. Je comprends alors un peu les touristes qui viennent à Paris et qui se perdent dans le réseau de transport à cause de toutes les ramifications et les croisements.

La première journée complète à Londres, soit le vendredi, moi et Nicolas avons marché un peu partout dans le centre-ville de Londres. Comme je savais que la ville était immense, et qu’il était un peu inutile de vouloir tout voir, je n’étais pas réellement empressé à tout faire. À vrai dire, je n’avais pas lu préalablement sur les choses à visiter, à faire, etc. Mon but n’était que d’avoir un bref aperçu de la ville, pour voir si elle allait me plaire, afin de mieux la visiter une prochaine fois. La présence de bâtiments modernes est assez frappante, rappelant un peu Montréal. Après une année à Paris à ne voir que des bâtiments néo-classiques hausmanniens du 19e siècle entre quelques vestiges médiévaux, c’est assez particulier de voir des édifices en verre. J’aurais probablement trouvé cela laid il y a plus d’un an, mais cette fois-ci, c’était apprécié.

Nous avons aussi visité la Tour de Londres. Plus ou moins intéressant, en fait. Intéressant pour sa portée historique, désagréable par le nombre de touristes (inévitable!) et le côté un peu trop vulgarisé et infantilisant des explications. Nous sommes sortis de là après plus de deux heures, et on a longé la Tamise.

On a fini la journée au Tate Museum, musée d’art contemporain. Le visiter avec Nicolas, ancien étudiant en arts visuels, a ajouté beaucoup à l’appréciation des œuvres. J’ai pu voir des sculptures et des peintures sous un autre angle, de façon beaucoup moins « amateur » cette fois-ci. Étrangement, je n’ai senti aucune saturation au bout de quelques heures. Vraiment, il y avait des choses incroyables à voir et à entendre dans ce musée. Le détour en vaut réellement la peine, si vous allez à Londres.

Vers les 22h, on retourne chez Mohammad où on fait un risotto au poulet, champignons et poivrons rouges (à Lisbonne, j’étais sensé d’en faire avec Nicolas à l’auberge de jeunesse, mais on n’avait jamais trouvé tous les ingrédients donc on s’est repris à Londres) pour remplir nos ventres vides.

Le lendemain, samedi, Mohammad nous fait un tour guidé de la ville. Il nous montre en fait un autre côté de Londres, parfois touristique, souvent plus authentique. Oui, j’ai pu voir le Buckingham Palace, les grands jardins anglais, le Big Ben, l’abbaye de Westminster, Trafalgar Square, le National Gallery (où on est restés un gros cinq minutes : moi et Nicolas ne pouvant plus voir des peintures datant du 14e au 18e siècle, pour en avoir trop vues) et autres attractions touristiques, mais disons que ce n’est pas trop mon souvenir de Londres. Je retiens le souper dans un restaurant iranien où Mohammad et Nicolas se sont livrés à un concours d’appétit; Nicolas explique sa défaite du fait qu’il avait mangé une pomme une heure avant la « compétition ». Ensuite, petite ballade nocturne. On voit des gens dans la rue, prêts à fêter dans les boîtes de nuit et les bars. Il y a même un bus, le Party Bus, rempli de jeunes adultes déjà un peu saoûls qui amènent les fêtards vers leurs clubs. Nous, on se contente d’un pub anglais, où moi et Nicolas prend une Guinness (Mohammad apprend alors que Guinness est une bière).

Dimanche, après un déjeuner anglais dans un pub, Nicolas et moi faisons encore des kilomètres dans Londres. On aboutit dans un parc où se déroule le Speaker’s Corner, où des gens prêchent leurs croyances : islamistes, chrétiens, satanistes, créationnistes, etc. Drôle à voir et à entendre. On fait un tour au British Museum assez rapide : collections égyptiennes et babyloniennes surtout. Intéressant, mais sans plus… surtout quand on a vu ce type de choses dans dix autres musées auparavant.

On finit la visite de Londres par le marché de Camden, et on termine la soirée dans un restaurant indien (il faut bien en faire un). La bouffe est finalement assez médiocre. Nous ne sommes probablement pas tombés sur le bon. On retourne dire au revoir à Mohammad et récupérer nos sacs. On attend tranquillement dans le quartier arabe, à fumer une shisha et à boire du thé, avant de prendre l’autobus à 2h45 du matin pour se rendre à l’aéroport. Nos vols pour nos destinations respectives sont à 6h du matin environ. J’arrive donc à Paris vers les 8h du matin, et je me dirige vers l’hôpital pour travailler. Environ quarante heures éveillées se seront écoulées entre le dimanche matin et le lundi soir. La fin de semaine à Londres aurait été intense, mais plaisante. Le fait d’avoir passé beaucoup de bons moments avec Mohammad a contribué au succès de ce weekend, j’en suis convaincu.

Nicolas et Mohammad qui contemplent une affiche sur la prévention des accidents de la route causés par l'alcool.

mardi 25 mai 2010

Petite fin de semaine en Hollande

Pour ceux qui se sont rendus compte, mes derniers mois en Europe sont surtout caractérisés par des escapades un peu partout hors de Paris. Je ne pourrai pas bien expliquer les raisons qui me poussent à voyager autant. Plusieurs facteurs sont pourtant bien identifiés. L'urgence de fuir Paris serait probablement la raison principale cette année. Le besoin de changement, la nécessité de découvrir autre chose que mon propre monde, la possibilité et les moyens aussi de le faire.

Donc, mon avant-dernière destination avant le grand retour fut Zwolle, une petite ville peu connue en Hollande. Pour ceux qui lisent mon blogue assidûment se rappellent peut-être des deux Néerlandais, Bob et William, que j'avais hébergé à Paris durant le temps des fêtes. Parmi la cinquantaine de gens que j'ai accueilli cette année, ceux-ci m'ont donné une impression durable par leur bonne humeur et leur spontanéité. Je leur avais promis que j'allais leur rendre visite avant mon départ. Généralement, on dit toujours cela entre voyageurs, et ça se concrétise rarement, mais cette fois-ci, je tenais à respecter cet engagement.

J'ai donc pris un jeudi soir le bus de nuit (Eurolines) en destination d'Utrecht. C'est toujours aussi désagréable: impossibilité de dormir, trop sombre pour lire, pris avec un gros gars qui se sent obligé de dormir les coudes enfoncés dans ton flanc. Toutefois, ça me mène du point A au point B à bas prix. J'arrive à Utrecht à 6h du matin, après une belle nuit blanche (et une journée de travail). Sachant que William peut seulement m'accueillir qu'en après-midi, je décide de passer les six prochaines heures à me balader dans Utrecht sous la pluie.

La ville est d'une saleté incroyable. La veille, les gens avaient fait la fête car c'était le Jour de la reine le vendredi. Des verres en plastiques partout, des restants de bouffe rapide qui marinent dans l'eau boueuse, des tas de vomissure un peu partout, de la vivre cassée, etc. Bref, c'est un peu rude comme premier contact avec une ville. À l'exception de quelques gens saoûls qui font des tentatives de revenir chez eux, il n'y a personne dans les rues. Étant donné que c'est un jour férié, tout était fermé au cours de la matinée. J'avais l'impression de marcher dans une ville fantôme délaissée très rapidement par ses habitants.

Je saute ensuite sur un train en direction de Zwolle. Rendu, j'envoie un texto à William pour lui annoncer mon arrivée et j'attends dans un café, engloutissant plusieurs espressos. Il arrive et on s'en va chez lui. L'arrangement de l'appartement est assez particulier: en fait, chaque chambre est un appartement isolé qu'on peut fermer à clé. On passe l'après-midi à parler de tout et de rien, en buvant une bière après l'autre. On se dirige ensuite vers le lieu où se déroule les festivités pour le Jour de la reine. Plusieurs groupes jouent sur scène; les gens dansent, mangent et boivent (plus ou moins simultanément). Beaucoup de drapeaux oranges aussi. Je tire ma révérence vers les 1h du matin, étant debout depuis plus de 40 heures si on ne tient pas compte des micro-siestes de 10 minutes dans le bus de nuit, alors que William part faire la fête avec des amis.

Le lendemain, laissant William récupérer de sa nuit blanche, je pars visiter la ville. Je me rends alors compte que Zwolle est minuscule, et qu'on en fait vite le tour. Je profite du marché à ciel ouvert, goûtant à quelques produits locaux. Ne sachant pas si Bob est revenu de Berlin (comme il est parti en faisant du pouce, difficile de déterminer son retour), je l'appelle. Il me retrouve environ 45 secondes plus tard car il était dans la rue à côté de celle où j'étais. On part réveiller William en lui lançant des oranges achetées au marché.

La journée se poursuit tranquillement et la soirée prend la relève. Un samedi plutôt tranquille en fait, car tout le monde est un peu épuisé. On passe le temps en jasant pendant que Bob joue avec son oud. Le thé est la boisson du jour. On fait une tentative de partie de poker, mais les cartes sont rapidement noyées dans le thé qui se trouvait dans une tasse (l'eau chaude avait fendu la tasse en deux).

Dimanche, William me montre un peu Zwolle, plus précisément le théâtre de la ville, le château d'eau (qui lui servira de salle pour sa pièce de théâtre qu'il met en scène) et quelques studios d'artistes. Comme William et Bob ont des trucs à faire concernant la préparation de la pièce de théâtre, je prends les prochaines heures comme un moment idéal pour jouer au touriste. Je crois sincèrement que c'est la première fois que j'ai marché dans TOUTES les rues d'une ville. Le musée de la ville ne me renseigne pas beaucoup toutefois sur l'histoire de Zwolle, étant donné que tout est écrit en néerlandais... Dimanche soir, autre soirée très détendue et relaxante en compagnie de Bob et William... et hop, retour à Paris!

Bref, ce fut une fin de semaine plutôt tranquille, sans grande aventure. Bien que j'adore faire des voyages où il se passe mille et une choses, je crois qu'il est bien aussi de pouvoir se détendre.


lundi 10 mai 2010

Rouen



Depuis 2006, je travaille en tant que psychométricien à l’Hôpital Rivière-des-Prairies. Mon boulot consiste à effectuer sur une base hebdomaidaire une entrevue diagnostique semi-structurée, le K-SADS-PL (Schedule for Affective Disorders and Schizophrenia for School-Age Children - Present and Longitudinal Version). En gros, je rencontre les parents d’un adolescent pendant environ deux heures et je leur pose des questions sur la présence, l’intensité et la fréquence d’une centaine de symptômes psychiatriques afin de faire ressortir les diagnostics possibles (dépression, trouble bipolaire, schizophrénie, trouble d’anxiété généralisée, état de stress post-traumatique, anorexie, trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, pour en nommer quelques uns). Donc, cette entrevue est codifiée et elle est souvent utilisée dans les recherches en psychiatrie pour confirmer des diagnostics cliniques.

Dans le but de bâtir une collaboration France-Québec sur la prévention du suicide, on m’a demandé d’aller donner une formation sur la manière d’administrer le K-SADS-PL, afin que les centres de recherche aient à peu près le même protocole de recherche. Bref, c’est ainsi que je me suis retrouvé à Rouen pendant deux jours.



Je vous épargne le déroulement de la formation, et je vais donc me concentrer sur la ville en soi. Donc, Rouen est situé en Haute-Normandie, à une heure de train de Paris (Gare St-Lazare), ce qui permet de faire un aller-retour facilement dans la même journée. Ce qui frappe surtout en se promenant dans la ville, et surtout dans le cœur historique sur la rive droite (la Seine sépare la ville en deux rives), ce sont le nombre de maisons à colombages. Malgré les violents bombardements que Rouen a subit lors de la 2ème Guerre Mondiale, il reste encore plusieurs vestiges du temps passé. Il est encore possible de voir la tour Jeanne d’Arc, où la Pucelle a été emprisonnée, et la Place du Vieux-Marché, où elle a connu son supplice. À quelques pas, on tombe sur le Gros-Horloge, une horloge astronomique du 14e siècle, et un peu plus loin, la Cathédrale Notre-Dame. Bien qu’en restauration, il est impossible de ne pas être émerveillé par la beauté de l’architecture gothique. Elle a d’ailleurs inspiré Claude Monet, qui l’a peinte sous différentes angles selon le moment de la journée et l’ensoleillement.

Bien que Rouen est une petite ville en termes de superficie, elle a beaucoup à offrir à un touriste qui y passe une journée ou deux. L’art gothique est partout, et je crois personnellement que je n’ai pas assez de doigts pour compter le nombre de bâtiments de style gothique, en particulier les églises. En gros, une promenade dans Rouen, c’est marcher à travers le temps, du 13e siècle jusqu’à nos jours. En effet, tandis que la rive droite est surtout historique, la rive gauche est moderne. Celle-ci n’est pas tellement intéressante pour une balade : tours à bureaux et logements modernes ternes parsèment les rues destinées à l’automobile.

Donc, quelques heures à Rouen après chaque de formation m’ont permis d’avoir un bref aperçu de la ville. J’ai très peu d’idée sur la vie rouennaise et l’atmosphère générale de la ville, mais pour se balader, c’est idéal.



Fontainebleau et Auvers-sur-Oise

La fin de semaine du 23-25 avril, j’étais sensé aller à Londres, mais un volcan a voulu des siennes, et il valait mieux attendre un peu, le temps que les aéroports reprennent leur rythme de croisière habituel. Comme je n’avais pas trop le temps de revirer de bord pour me trouver une destination rapidement à un prix abordable et pas trop loin (car les trains et les autobus étaient les seules options valables), j’ai dû me résigner à rester en région parisienne.

Ainsi, samedi, ce fut direction sud à Fontainebleau. J’avais entendu parler à plusieurs reprises de cette ville connue surtout pour son château et son immense forêt, et ces derniers temps, le métro semble vraiment vouloir que les gens s’y rendent avec les publicités posées un peu partout. Donc, Fontainebleau est un petit village à 45 minutes de train de Paris. Si peu de distance, et c’est déjà la campagne. Même si c’est encore la région parisienne, nous avons l’impression d’être en province. Petit village avec sa mairie, son office du tourisme, sa fontaine avec sa place publique, quelques petits cafés et restaurants autour de cette dite place. Le château a été le lieu de résidence de plusieurs rois de France, dont François Ier. Très beau château, mais sans rien de particulier en soi. C’est l’éternel visite des différentes pièces avec une explication des fonctions de chacune, ainsi que leurs anecdotes historiques rattachées. Pour la forêt, faute de temps, je n’ai pas pu y aller, malgré mes fortes envies de vouloir y faire des randonnées. Réputée d’être assez dense, il est possible d’y marcher des heures et se perdre, d’ailleurs, on suggère de vraiment suivre les chemins balisés (ce que j’aurai transgressé éventuellement). Bref, un samedi gentil, mais sans particularité.

Le lendemain, après des mois et des mois à me dire que je devrai aller à Auvers-sur-Oise pour visiter le musée de l’absinthe, j’ai finalement réalisé ce désir. Auvers-sur-Oise se trouve au nord de Paris, très loin de la ville. D’ailleurs, l’accès y est assez compliqué (lire ici : faire mille et un transferts de bus/trains/RER), mais ça en vaut le coup. La ville est connue pour avoir été le dernier lieu où a vécu Vincent Van Gogh. Au cours de son court séjour à Auvers-sur-Oise, il a produit plus de 80 peintures, en raison d’une à deux par jour. Ici, c’est également la vieille campagne française. J’ai donc passé la journée à me balader à travers les rues du village, le long des sentiers à travers les champs, etc. Parmi les attraits touristiques, il y a donc le fameux musée de l’absinthe tenu par Marie-Claude Delahaye, la grande spécialiste dans le domaine. On peut admirer les affiches liées à cet alcool diabolisé (lire mon précédent message à ce sujet), ainsi qu’une collection assez impressionnantes de cuillères. Bref, après des mois d’attente, la visite a été à la hauteur de mes attentes. Étant à Auvers-sur-Oise, j’en ai profité pour visiter la demeure du Dr Gachet qui a traité Van Gogh vers la fin de sa vie, ainsi que la chambre minuscule et inintéressante (il n’y a qu’une chaise dans une chambre vide de 7m2; la joie de payer 6 euros pour ça) que ce cher Van Gogh avait louée au-dessus d’un restaurant. Donc, ce dimanche fut beaucoup plus intéressant que le samedi. La beauté d’Auvers-sur-Oise est assez prenante, et on comprend pourquoi le village a tant inspiré Van Gogh.