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lundi 10 mai 2010

Fontainebleau et Auvers-sur-Oise

La fin de semaine du 23-25 avril, j’étais sensé aller à Londres, mais un volcan a voulu des siennes, et il valait mieux attendre un peu, le temps que les aéroports reprennent leur rythme de croisière habituel. Comme je n’avais pas trop le temps de revirer de bord pour me trouver une destination rapidement à un prix abordable et pas trop loin (car les trains et les autobus étaient les seules options valables), j’ai dû me résigner à rester en région parisienne.

Ainsi, samedi, ce fut direction sud à Fontainebleau. J’avais entendu parler à plusieurs reprises de cette ville connue surtout pour son château et son immense forêt, et ces derniers temps, le métro semble vraiment vouloir que les gens s’y rendent avec les publicités posées un peu partout. Donc, Fontainebleau est un petit village à 45 minutes de train de Paris. Si peu de distance, et c’est déjà la campagne. Même si c’est encore la région parisienne, nous avons l’impression d’être en province. Petit village avec sa mairie, son office du tourisme, sa fontaine avec sa place publique, quelques petits cafés et restaurants autour de cette dite place. Le château a été le lieu de résidence de plusieurs rois de France, dont François Ier. Très beau château, mais sans rien de particulier en soi. C’est l’éternel visite des différentes pièces avec une explication des fonctions de chacune, ainsi que leurs anecdotes historiques rattachées. Pour la forêt, faute de temps, je n’ai pas pu y aller, malgré mes fortes envies de vouloir y faire des randonnées. Réputée d’être assez dense, il est possible d’y marcher des heures et se perdre, d’ailleurs, on suggère de vraiment suivre les chemins balisés (ce que j’aurai transgressé éventuellement). Bref, un samedi gentil, mais sans particularité.

Le lendemain, après des mois et des mois à me dire que je devrai aller à Auvers-sur-Oise pour visiter le musée de l’absinthe, j’ai finalement réalisé ce désir. Auvers-sur-Oise se trouve au nord de Paris, très loin de la ville. D’ailleurs, l’accès y est assez compliqué (lire ici : faire mille et un transferts de bus/trains/RER), mais ça en vaut le coup. La ville est connue pour avoir été le dernier lieu où a vécu Vincent Van Gogh. Au cours de son court séjour à Auvers-sur-Oise, il a produit plus de 80 peintures, en raison d’une à deux par jour. Ici, c’est également la vieille campagne française. J’ai donc passé la journée à me balader à travers les rues du village, le long des sentiers à travers les champs, etc. Parmi les attraits touristiques, il y a donc le fameux musée de l’absinthe tenu par Marie-Claude Delahaye, la grande spécialiste dans le domaine. On peut admirer les affiches liées à cet alcool diabolisé (lire mon précédent message à ce sujet), ainsi qu’une collection assez impressionnantes de cuillères. Bref, après des mois d’attente, la visite a été à la hauteur de mes attentes. Étant à Auvers-sur-Oise, j’en ai profité pour visiter la demeure du Dr Gachet qui a traité Van Gogh vers la fin de sa vie, ainsi que la chambre minuscule et inintéressante (il n’y a qu’une chaise dans une chambre vide de 7m2; la joie de payer 6 euros pour ça) que ce cher Van Gogh avait louée au-dessus d’un restaurant. Donc, ce dimanche fut beaucoup plus intéressant que le samedi. La beauté d’Auvers-sur-Oise est assez prenante, et on comprend pourquoi le village a tant inspiré Van Gogh.


samedi 26 septembre 2009

Absinthe à Paris

Tous ceux qui me connaissent plutôt bien savent que j'ai un intérêt particulier pour l'absinthe. Il y a environ quatre ans, le nom de cette liqueur me renvoyait à des images de poètes tels que Verlaine ou Rimbaud, à l'esprit bohémien, à la drogue qui rendait les gens fous. D'ailleurs, une aura de mystère plane autour de cet alcool considéré comme diabolique, malsain, etc. La réalité est tout autre.

Au fil de mes lectures, j'ai essayé de comprendre d'où venait cette réputation, bonne ou mauvaise. Voici un très petit cours d'histoire sur l'absinthe 101:

Semblerait-il que la liqueur d'absinthe a été « créée » dans les Alpes par une vieille dame comme médicament. Un certain Monsieur Ordinaire (tel est son nom) aurait été l'un des premiers à commercialiser le produit. La liqueur a été popularisée lors de la guerre d'Algérie, lorsque les Français versaient un peu d'absinthe dans l'eau afin d'en tuer les vers, les bactéries, etc. Après leur victoire, l'absinthe a été perçue comme un symbole patriotique français.

Quelque part dans la deuxième moitié du 19e siècle, un parasite détruisait les vignes, empêchant ainsi la production de vin de qualité. Il faut savoir qu'à l'époque, l'alcool contenu dans l'absinthe provenait de la distillation du vin. Ainsi, certaines distilleries ont commencé à utiliser de l'alcool industriel. Pire encore, la production se faisait dans des grosses cuves de cuivre et de plomb. Donc, les gens éprouvaient quelques difficultés certainement dues à l'intoxication aux métaux lourds. De plus, l'absinthe était devenue un alcool peu dispendieux comparativement au vin. Il était dit que, vers 17 h, l'heure verte, les rues de Paris avaient une forte odeur anisée. Un sociologue aurait été très intéressé de voir défiler tour à tour les classes sociales, puisque chacun avait son heure pour boire l'absinthe.

Évidemment, le prix de l'absinthe et les situations socio-économiques de l'époque ont contribué à l'apparition de problèmes d'alcoolisme important à travers la France. Il faut savoir qu'en Angleterre, l'absinthe n'a jamais connu une telle popularité, étant donné qu'elle était symbole de la décadence française. Un puissant lobbying a été monté contre l'absinthe par les producteurs de vin (qui n'était pas considéré comme un alcool) et des études dont les erreurs méthodologiques sauteraient aux yeux de n'importe quel biologiste ou médecin ont permis à cette démonisation de la liqueur. Meurtre, prostitution, suicide, tout était mis sur le dos de l'absinthe. Éventuellement, avec le début de la Première Guerre mondiale, l'absinthe a été prohibée et, depuis, un air de mystère l'entoure.

Il faut aussi savoir que dans les années 1980, en Europe de l'Est, ils sont rendus compte qu'ils n'avaient jamais banni l'absinthe, puisqu'elle n'était pas très popularisée. Jouant sur les mythes, les absinthes tchèques (et des pays alentour) ont été vendues en vantant les vertus hallucinogènes et en mettant l'accent sur cet alcool bu par les grands artistes (Vincent Van Gogh, Oscar Wilde, Victor Hugo, etc.). Pour rajouter à son image légendaire, le rituel de faire flamber un cube de sucre a été créé de toutes pièces.

Depuis une dizaine d'années environ, l'absinthe est redevenue légale en France. Quelques réglementations existent quant au produit en matière d'appellation et de contenu (surtout pour la thuyone qui est à une dose très minime, ne permettant pas l'apparition de convulsions et hallucinations).

À Paris, il existe plusieurs fournisseurs d'absinthe, dont le Vert d'absinthe (http://www.vertdabsinthe.com/), qui vendent plusieurs bouteilles, ainsi que le matériel (verres, cuillères, fontaines, etc.). Le premier bar servant plusieurs absinthes, le Cantada, se trouve dans le 11e arrondissement, rue Moret. J'y suis allé jeudi dernier et j'ai pu voir que tout se faisait dans les règles de l'art. Le serveur connaît très bien ses produits et sait nous conseiller sur ce qu'on recherche. Le doigt d'absinthe dans un verre, le sucre sur la cuillère, et la fontaine d'eau pour la dilution... comme on le faisait au 19e siècle en France. Les prix varient entre 3,50 à 10 euros. À la grande différence des absinthes tchèques qui goûtent le rince-bouche qui a mal tourné, les absinthes suisses et françaises ont un goût anisé (comme elles le doivent), avec un bouquet herbacé allant du subtil au très prononcé, ainsi qu'une amertume bien caractéristique. D'ailleurs, il faut souligner que les vainqueurs olympiques romains et grecs se voyaient remettre de l'absinthe, en plus des feuilles de laurier, pour leur rappeler que toute victoire connaît ses jours plus amers.

Bientôt, j'ai l'intention d'aller voir le musée de l'absinthe à Auvers-sur-Oise, dernière ville de résidence de Van Gogh... Marie-Claude Delahaye, l'une des experts internationaux sur le sujet, tient ce musée. Je vous ferai part de mes découvertes!