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samedi 31 juillet 2010

Conclusion d'un séjour: Deuxième partie - Montréal

Revenir à Montréal, un désir qui était présent en moi depuis plusieurs mois, se concrétisait enfin. J'avais fini par ne plus y croire. Je m'étais fait à l'idée que Paris était devenu mon point d'ancrage. Dans l'avion, j'étais assis à côté d'une famille provenant de Metz, et pendant une bonne partie du trajet, je leur faisais une introduction à Montréal, les choses à faire et à voir. C'était en quelque sorte une préparation mentale à ce qui m'attendait quand l'avion allait atterrir. Plusieurs appréhensions, je dois l'avouer. Quoi dire aux gens après une année d'absence?

Mes parents sont venus me chercher à l'aéroport. Il fallait s'y attendre, ce fut des retrouvailles à haute teneur émotionnelle. Je crois que c'était l'une des rares fois que j'ai vu ma mère pleurer. Nous sommes allés manger une soupe tonkinoise et ils m’ont déposé à l’appartement où j’avais passé l’année 2008-2009 avec mon frère (celui sur la rue de Bordeaux). En rentrant dans l’appartement, j’ai vite compris qu’allait être le prochain mois : une période de transition où je ne serais pas vraiment à ma place socialement, professionnellement, psychologiquement et géographiquement parlant.

Je suis allé rendre visite à Lydia et Gabrielle, et du même coup, voir quel sera mon nouveau chez moi et qui seront mes futurs colocataires. Quand je suis arrivé au 4805 av. Papineau, c’était le début d’un party : Jérémie, l’un des colocataires, fêtait son anniversaire. J’ai en même temps fait la connaissance des multiples voisins vivant dans le même immeuble. Même si la date de mon déménagement a été fixée le 17 juin 2010, je me retrouvais là presqu’à tous les deux jours.

Tranquillement, j’ai revu les gens. Je ne sentais pas l’envie de faire un gros party ou de passer à travers mon carnet de téléphone pour annoncer à mes amis que j’étais réellement revenu à Montréal. J’essayais de comprendre le monde autour de moi.

J’ai réalisé à mon retour, durant les premières semaines, comment Paris s’est infiltrée dans mon être et mon esprit. D’abord, j’étais un peu surpris par le fait que les gens dans la rue semblaient exubérants, joyeux et heureux. Les couleurs vives sur les murs, les immeubles, les vêtements des gens, cela me troublait un peu. Les serveuses ou les vendeuses qui te disent « Bonjour, comment ça va? Est-ce que je peux t’aider » m’ont assez perturbé. Après une année à Paris, je trouvais ce comportement complètement déplacé, inadéquat et familier.

D’abord, le tutoiement. J’avais pris l’habitude à vivre dans un univers où le tutoiement était réservé pour des gens de mon âge avec qui j’entretenais un bon lien. Que ce soient des enfants, des adolescents, ou des gens dans la vingtaine que je ne connaissais pas bien, c’était le vouvoiement automatique. Ensuite, le fait qu’elles demandent comment ça va semblait être une intrusion de la bulle personnelle, surtout (dans le cas des serveuses) le contact physique, c’est-à-dire la main sur l’épaule. En fait, je comprenais comment Paris m’a appris à être froid et détaché dans les relations avec les autres.

Le retour à la Clinique des troubles de l’humeur (CTH) s’est fait très rapidement, soit deux jours après mon atterrissage. Revoir ses anciens collègues de travail, avec qui on s’entend bien, c’était apaisant. En fait, revenir à la CTH m’a fait réaliser comment l’environnement de la Pitié-Salpêtrière était toxique pour moi. Juste penser à cet endroit et aux professionnels qui travaillent là me donne la nausée. Je n’ai aucune fleur à lancer à cette institution française, et je sais que je serai incapable de poursuivre toute collaboration avec un psychiatre ou psychologue de cet hôpital. J’ai été d’une honnêteté déconcertante par rapport à mon séjour à la Pitié-Salpêtrière. J’espère que je serai le dernier Québécois à avoir été envoyé là-bas. Pour la collaboration Montréal-Paris, je ne vois qu’un échec certain. D’ailleurs, il y avait une stagiaire française, Sophie, de versant psychanalytique, qui était à la CTH le mois que je suis revenu. J’ai consciemment fait en sorte qu’elle comprenne que je ne vais pas l’aider à son intégration. Bref, pour moi, c’est un retour d’ascenseur très justifié. Surtout qu’elle avait défoncé la filière contenant pour mes données de recherche pour faire du « ménage »; elle disait qu’elle ne comprenait pas mon classement. Encore aujourd’hui, je suis encore en train d’essayer de retrouver tous les documents (car madame les a éparpillés dans plusieurs bureaux).

Ce fut un retour très graduel à Montréal, sans tambour ni trompette. Dans ma tête, ce n’était pas encore le retour définitif. Ce n’était qu’une transition. Je savais pertinemment que tant que j’avais encore un pied en Europe, je n’allais pas être totalement et complètement à Montréal. Bref, la conclusion de mon séjour, ce n’était pas à Paris, ni à Montréal. C’était à Berlin. 

lundi 19 juillet 2010

Conclusion d'un séjour - Première partie: Paris

Il est un peu étrange de relater des événements qui se sont déroulés il y a environ deux mois, mais je crois qu'il est nécessaire d'avoir un peu de recul avant de pouvoir raconter. De plus, ce message pourra autant servir de conclusion à ce blogue si j'arrête d'écrire, ou de texte-tremplin pour des articles futurs. Et comme l'indique le sous-titre de mon blog, il était logique que ce message parle à la fois de Paris, Montréal et Berlin, trois villes importantes dans ma vie.

Après mon séjour à Londres, je suis resté à Paris jusqu'à mon retour définitif. Je ne me rappelle plus trop des détails de ce que j'ai pu faire pendant ces 2-3 semaines, ce qui me permet donc d'aller à l'essentiel. Je me souviens d'avoir fait plusieurs expositions : la vie et l’œuvre d’Edvard Munch, connu surtout pour le Cri (à la Pinacothèque), le taoïsme en Chine (au Grand Palais), l’art moderne dans les tribus traditionnelles en Inde (au Quai Branly), le rôle de la mort, du sacrifice et du sexe dans l’art mochica (toujours au Quai Branly), etc. Pour l’exposition sur les nus de Lucian Freud, petit fils de Sigmund, ça a été un rendez-vous manqué. Je crois que c’est l’un des éléments que j’ai le plus appréciés en étant à Paris : la diversité et la richesse culturelle qu’offrent les musées.

Les derniers moments à Paris, je les ai passés avec Marie-France, une amie de Montréal. J’ai aussi reçu la visite de Roxane et Pamela, des amies du CÉGEP, quelques jours avant mon départ. Je crois qu’elles sont arrivées au bon moment, puisque cela m’a permis de clôturer l’expérience parisienne sur une note un plus positive. Avec elles, j’ai pu revoir une dernière fois le Paris touristique, repasser devant tous ces monuments qui ont servi de décor à ma vie au cours de la dernière année. Ce fut aussi l’occasion de faire des découvertes de dernières minutes, comme le château de Vaux-le-Vicomte, et de passer du bon temps avec certaines personnes très appréciées comme Sandra et Antoine.

Mon départ de la Pitié-Salpêtrière a été loin d’être émotif ou nostalgique. J’ai dit au revoir à certains employés, mais à l’exception de Nicolas, le statisticien avec qui j’ai partagé un bureau, aucun d’entre eux ne me manque. Deux mois plus tard, si on m’évoque cet hôpital, à part du mépris et du dégout, je ne ressens plus rien.

J’ai fait deux dernières soirées avant mon départ, une dans un bar (L’académie de la bière) sur boulevard du Port-Royal, et l’autre « chez moi » à St-Cyr-l’École. En rétrospective, il y a certaines gens qui ont marqué mon année et qui vont me manquer : Sandra (ma coloc d’il y a 5 ans), Brice (l’étudiant en psychiatrie que j’avais rencontré à Montréal il y a 2 ans), Patrick (rencontré sur Couchsurfing), Nicolas (le statisticien), Mélo et Fanch (mes colocs), Jean-Rémi, Floriane, Guillaume et Sylvain (les amis de mes colocs).

Au final, les derniers moments à Paris m’ont permis de clôturer l’année sans que je reparte avec des remords, des regrets ou des « j’aurais dû ». Je crois qu’avec une expérience comme celle-ci, vaut mieux avoir une fin sobre.


Je vous laisse, en attendant la deuxième partie de ce message, sur un texte écrit sur trois cartes postales par un résident en psychiatrie, Dr Craus, que j'ai rencontré à Paris:


"Les horaires d'ouverture souvent restreintes, les cafés fermés, les bousculades dans les transports publics, les sans-gènes, l'incorrection de ces Parisiens affairés, et le plus agaçant, les rodomontades à n'en plus finir bien que marbrées de suffisance. Cette ville est exigeante, pas toujours à propos... Mieux vaux y venir avertir et armé.
C'est charmant, si mignon, si romantique, quand une blonde vous tient le bras, la main, la jambe, sous un parapluie place Clichy ou une ombrelle dans l'allée centrale du Jardin des Plantes sous couvert des platanes, bordés de coquelicots aux couleurs fraîches et printanières. Et là, Paris, c'est la vie, essentielle.
Ainsi va Paris, tout en contraste, en beauté fragile. Mais restons légers!" 

dimanche 24 mai 2009

Tam-tams du Mont-Royal

Depuis plusieurs années déjà, je passe la plupart de mes dimanches après-midi aux tam-tams dans le parc du Mont-Royal. L'été à Montréal ne serait pas le même sans cette rencontre hebdomadaire où locaux et touristes s'installent au pied de la statue de George-Étienne Cartier (l'un des fondateurs du Canada) pour danser, se détendre, lire, jouer au ballon, jongler, ou tout simplement "jammer". Le côté hippie est indéniable et nous aimons cela; il ne faut pas oublier comment les années 60 et 70 ont marqué l'imaginaire collectif du Québec.

L'histoire voudrait que des rassemblements de ce type existait déjà depuis les années 70 et que la Ville de Montréal encadre le tout seulement depuis 1994 (lire ici, redorer son image pour donner une identité à la métropole). La police surveille sommairement les lieux; l'odeur du pot est parfois tellement envahissant que l'on peut se demander si la marijuana est réellement légale à Montréal. De toute manière, ce sont des gardiens de la paix, et comme il a été dit dans "Les invasions barbares", ils maintiennent la paix en ne dérangeant pas les gens qui s'amusent.

Pour les gens assoiffés de sang, il y a des batailles médiévales où des gars y vont allègrement avec leurs armes en stiromousse. D'après ce que j'ai pu comprendre, il y a deux équipes de "guerriers" qui doivent voler un ou plusieurs drapeaux de l'adversaire. Lorsqu'un combattant te frappe au bras gauche avec son épée (ou autre arme sortant de l'époque moyen-âgeux), tu dois continuer la bataille sans bras gauche. Si on te frappe au coeur, tu es mort et tu te mets à genoux pour signifier aux autres que tu as trépassé. Deux ans à les observer, c'est tout ce que j'ai réussi à comprendre de ça...

Retournons vers la statue. Les gens dansent sous le soleil parfois plombant. Le rythme enivrant des djambés possède les danseurs et les passants. Souvent, des cuivres vont se joindre à la musique. Que du bonheur!

Entre amis, c'est l'endroit idéal pour récupérer d'un samedi soir bien arrosé et faire un petit pique-nique. Un petit bonus: des sans-abris vont ramasser les bouteilles vides pour toi. Pour la nourriture, il y a toujours des motivés qui te vendent des muffins, des sushis ou des "boules d'énergie" (qui goûtent la terre, personnellement) pour 1 ou 2$.

Pour finir, il y a les rescapés du cirque qui jonglent, marchent sur des cordes, font mille et une acrobaties un peu partout dans la foule.

Le site Tamtams Montréal publie chaque semaine des photos pour les intéressés.