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dimanche 27 décembre 2009

Nowell 2009

Ne pouvant pas retourner pour la période des fêtes à Montréal, j'ai dû me résigner à trouver une alternative afin de ne pas me retrouver seul. Que faire quand tout le monde est parti fêter en famille? Trouver des gens qui sont trop loin pour célébrer la naissance du p'tit Jésus avec leur parenté. Je me demande des fois que serait ma vie sans Couchsurfing.

Donc, une fois que mes colocs sont retournés en Bretagne pour revoir parents et amis (avec une pile de questionnaires sous les bras à faire passer à leurs frères et soeurs... je me cherche des sujets témoins pour une de mes recherches), j'ai décidé de me remettre dans l'hébergement de Couchsurfers. Donc, depuis une semaine, j'héberge un couple provenant de Singapour. Drôle de dynamique par contre, la fille est très gentille, mais je la trouve un peu gossante (comme pas mal de filles asiatiques d'ailleurs). Le gars est sympathique et agréable à côtoyer. Je me demande comment il fait pour la supporter depuis plus d'un an. J'accueille également deux Néerlandais qui font du pouce jusqu'à Barcelone. Paris était un arrêt de 3-4 jours. Deux gars vraiment comiques et chantants (oui, oui, ils ont cette habitude de se parler en chantonnant ou en faisant des rimes... ce sont des musiciens/comédiens aussi).

 Le réveillon du 24 décembre a débuté à 20h dans un très petit mini-studio dans le 1er arrondissement. Je me demande encore comment une centaine de gens ont réussi à se retrouver dans un espace aussi restreint. Soirée qui a commence bien en somme, mais juste trop de monde. Mon côté claustrophobe fait en sorte que je sors prendre un bol d'air à tous les 20 minutes.  J'en profite pour appeler ma famille en me baladant dans les rues de Paris. Vers 1h du matin, migration vers le 13e arrondissement pour poursuivre la fête chez un autre Couchsurfer qui doit vivre dans un 30 mètres carré gros max. Je réussis à me trouver une petite place pour m'assoir sur le sol contre un mur avec mes deux Néerlandais; les deux Singapouriens dorment quelque part entre des piles de manteaux car ils sont fatigués. Discussion intense qui se termine finalement avec le lever de soleil.

Le 25 décembre a été une journée de récupération, avec préparation d'une quantité industrielle de bouffe. Comme je ne voulais passer ma journée à "végéter" intensément, je prends une longue marche avec un des Néerlandais (William) de quelques heures dans St-Cyr-l'École. Rien de particulier en somme. Juste un temps pour se remettre d'un "jetlag" social (en se couchant à 8h du matin et en se levant à 14h, et en déjeunant à 16h, c'est sûr que le corps est un peu débalancé).

26 décembre, pendant que mes Singapouriens visitent les lieux achi-touristiques de Paris (non, je ne voulais pas visiter Notre-Dame avec eux, surtout si c'est pour prendre des photos de chaque vitrail). Toujours avec les deux Néerlandais qui ne voulaient pas aller dans les coins touristiques, on s'est fait une longue marche à travers Paris, de Montparnasse à Oberkampf, bref un gentil 11-12 km à pied. Des cafés ont ponctué la marche, ainsi que des boulangeries!

Et voilà pour un petit compte-rendu de mon Nowell, qui n'était pas sous le signe de la dépression intense! Petite parenthèse pour terminer, j'ai apprécié qu'à Paris, nous ne sommes pas martelés et bombardés par la période des Fêtes. Quelques guirlandes et lumières ici et là, mais pas l'agressivité commerçante bien nord-américaine. Pour la première fois dans ma vie, je n'avais pas envie de commettre un meurtre en entendant "Petit papa Noël" ou "Jingle Bells" pour les avoir entendus 40 millions de fois dans toutes les versions possibles en se promenant dans les rues. Bref, un point positif à Paris pour le temps de Noël, on ne nous gave pas jusqu'à en faire une indigestion!











mardi 15 décembre 2009

10 groupes/artistes québécois marquants des années 2000

Nous sommes rendus à la fin de la première décennie du deuxième millénaire. Évidemment, les médias tous azimuts ne peuvent s’empêcher de faire des palmarès de tout ce qui a marqué les années 2000. Bande à part s’est aussi jointe de la partie. Pour ceux qui ne connaissent pas, Bande à part est un site web appartenant à la chaîne Radio-Canada faisant la promotion de la scène locale musicale. Pendant des années, c’était également une émission radio qui été diffusée à des heures pas possibles (lire ici minuit). D’ailleurs, Claude Rajotte (de feu « Le cimetière des CDs » sur Musique Plus) faisait ses critiques sur cette émission.

Donc, Bande à part demande actuellement aux internautes de votre pour les dix artistes/groupes francophones québécois les plus marquants des dix dernières années. Ainsi, sélectionner dix sur cinquante artistes, c’est plus difficile qu’on puisse le croire.

J’ai participé aux votes, et voici ce que j’en pense. Évidemment, les goûts sont discutables, et j’ai essayé quand même de réfléchir à la question pour arrêter mes choix surtout sur le côté « marquant » que pour mes goûts personnels. D'ailleurs, je ne crois pas avoir choisi les dix plus marquants, mais plus dix qui ont marqué...

Dans un ordre aléatoire :

Les cowboys fringants 

Je l’avoue, j’ai été un fan fini de ce groupe durant la première moitié des années 2000. Même si les derniers albums, je les ai trouvés plutôt médiocres, je ne peux pas cracher sur le début de leur œuvre. Quoi qu’en dise, je crois que le groupe a été un des initiateurs de la « québécitude » des années 2000. Après la défaite référendaire et la stagnation musicale des années 1990, les Cowboys ont permis à plusieurs jeunes cégépiens de l’époque à renouer avec les racines québécoises. Avec ça, le violon et le reel étaient rendus « in ». L’histoire du Québec et l’identité nationale avaient enfin une valeur. Les années à venir le diront, mais je crois que si nous parlons de musique québécoise, il est très difficile de passer à côté des Cowboys fringants.


Mononc Serge 

Ex-Coloc, ce personnage n’a pas la langue dans sa poche. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, il a su déranger plus d’un. Avec des sujets d’actualité, il nous a permis de rire du Canada et, même s’il est un indépendantiste fini, du Québec aussi. De plus, refaire ses chansons à la sauce métal avec Anonymus, c’est juste brillant. Également, en concert, c’est une bête de scène. Mononc Serge est marquant dans la mesure qu’il a su critiquer avec justesse la société nord-américaine des années 2000. Retracer son œuvre, c’est un voyage à travers la décennie.


Karkwa 

Le Coldplay ou le Radiohead québécois. Marquant pour les deux derniers albums (« Les tremblements s’immobilisent » et « Le volume du vent »). Musicalement, ça a permis de faire comprendre qu’au Québec, ça ne se résume pas au traditionnel, au discours nationaliste et aux chanteuses à voix sans contenu. Des textes bien ficelés, des mélodies accrocheuses, un jeu incroyable de son et de lumière en concert. C’est une bonne réplique envers tous ceux qui critiquent que rien de bon ne se fait dans le Québec francophone en termes de musique.


Malajube 

Je les ai choisis un peu pour la même raison que Karkwa. Il ne faut pas oublier que Malajube a mis le Québec sur la carte sur le plan international, et pas uniquement dans le monde francophone. Pitchfork Media a encensé le groupe. Des tournées à travers l’Europe (autre que la France et la Belgique) où ils ont connu un franc succès. Oui, c’est cacophonique à plusieurs moments, on ne comprend pas un seul mot chanté par Julien Mineau, il semble avoir quarante mélodies en même temps… mais c’est pour ça qu’on les aime. Dès qu’on accroche à Malajube, il est difficile de sortir de sa tête les airs de « Montréal -40 ».


Éric Goulet 

Que dire du chanteur des Chiens (feu « Possession Simple »), l’alter ego de Monsieur Mono, le réalisateur de plusieurs albums de Vincent Vallières et autres artistes de la décennie. Pour l’ensemble de son œuvre, on ne peut le renier. Combien d’artistes ont cité Éric Goulet et son album « La nuit dérobée » comme source d’inspiration. Du rock à l’état pur et simple. Les émotions à vif. Être un homme dans toute sa splendeur et sa laideur.


Mara Tremblay

Une artiste qui a su se renouveler sans se vendre. Depuis ses débuts avec l’album « Le chihuahua » jusqu’au tout récent « Tu m’intimides », Mara est restée intègre. Elle a dérangé avec son premier album avec des textes assez particuliers (« Le spaghetti à papa », « Le chihuahua », « Tout nue avec toi »). Elle fait également partie des artistes qui ont réintroduit le violon dans la musique québécoise, en la « dékitchisant ». Aussi, les chanteuses font rarement long feu au Québec (si on oublie notre Céline nationale ou la Dufresne). Plus de dix ans de carrière tout en sachant se renouveler, il faut le faire. Chapeau Mara !


Ghislain Poirier 

Un des premiers DJ qui a eu un franc succès sans tomber dans l’électro niais commercial CKOI. Un son qui s’écoute encore très bien 6-7 ans plus tard. Des sons recherchés, sans oublier ses soirées « Bounce le gros ». J’ai l’impression que depuis l’arrivée de Poirier, la scène électro est revenue en force, et les gens sont sortis du stéréotype de la techno répétitive sans intérêt. Sans Ghislain Poirier, est-ce qu’Omnikrom, Gatineau, Numéro# et autres groupes de ce genre auraient pu aussi bien percer?


Vulgaires machins 

Groupe punk engagé qui sait faire passer des messages. Combien de cégépiens et d’universitaires francophones ont entonné à un certain moment la chanson « Cocaïnomane »? Malgré les propos plutôt déprimants, la musique donne de l’énergie. Une évolution assez particulière aussi. Avec les albums des débuts « 24:48 » et « Regarde le monde », le punk québécois avait son son particulier. Oui, avec les derniers albums, ça sonne plus pop-punk, mais le côté subversif demeure. Je ne sais pas combien de gens ont eu des « révélations politiques et sociales » avec eux, mais je crois que pour certains Québécois, le groupe a été un élément marquant de leur jeunesse. Il faut aussi dire que Vulgaires machins demeurent l’un des groupes québécois faisant du punk ou du punk-rock ayant survécu après de toutes ces années; on pense ici à Capitaine Révolte, les Marmottes aplaties, etc.


Loco Locass 

Avec ce groupe, le rap et le hip-hop sont devenus au Québec un moyen de dénoncer la société et la politique québécoise et nord-américaine. Souverainistes engagés soucieux de la langue française, les Loco Locass ont su allier rythmes contagieux avec textes pertinents et bien ficelés. Et que dire de « Libérez-nous des libéraux », hymne des étudiants du printemps 2005… Juste pour cette chanson, ils méritent d’être dans le top 10 de la décennie de la musique québécoise.


Polémil Bazar 

Polémil Bazar n’a pas réellement laissé une trace permanente dans la culture québécoise; d'ailleurs, plusieurs ne savent même pas qu’ils ont existé. Or, ils représentent un courant qui a été très fort et qui a marqué pour un court laps de temps la scène locale québécoise, surtout au milieu de la décennie. Le côté manouche/tzigane, ou world beat, sur des thèmes sociaux d’actualité, ça a explosé pendant cette période. Pensons à la Chango Family, Oztara, etc. Rafraîchissant au départ, mais la sauce était un peu trop française finalement en termes de sonorité (je fais ici référence à des groupes comme les Têtes raides ou les Ogres de Barback). Les textes d’Hugo Fleury ainsi que la musique en soi font en sorte que Polémil Bazar était le meilleur représentant d’un courant qui n’aura finalement pas vu la fin de la décennie.



Il est difficile de faire le tri, car on est facilement tiraillé par nos goûts personnels. Toutefois, je crois avoir fait une sélection assez représentative des artistes/groupes québécois ayant marqué les années 2000. Et qu’en pensez-vous (Annie, Anne, Justine, Olivier et Marie-France, vous êtes obligés de répondre à ce message)?

samedi 5 décembre 2009

Musée national du Moyen-Âge, thermes de Cluny, et exposition pour les 50 ans d'Astérix

Jeudi après-midi, j'ai décidé d'aller voir le musée de Cluny, qui a la double vocation de présenter des oeuvres médiévales et d'entretenir des thermes (bains) gallo-romains. Pour résumer rapidement, le musée offre surtout des peintures et sculptures de la religion catholique (des Jésus et des Vierge-Marie, en voulez-vous? Bien en voilà à la tonne!), ainsi que des tapisseries représentant des scènes de la vie du Moyen-Âge, dont la fameuse "Dame à la licorne". Bref, j'étais un peu déçu par ma visite, puisque je m'attendais à une exploration plus approfondie de la vie quotidienne au Moyen-Âge, avec une partie importante dédiée à l'Histoire. Hélas, ce n'est que de l'art religieux de l'époque en grande partie, et personnellement, ça ne m'intéresse pas trop. Il faut avouer que le nombre de cathédrales et de monuments religieux historiques que j'ai visités au cours des dernières années m'ont un peu beaucoup blasé...

La véritable raison pour laquelle je suis allé voir ce musée (qui n'était pas vraiment dans ma liste des choses à faire à Paris), c'était qu'ils annonçaient une exposition dédiée au 50ème anniversaire d'Astérix, héros gaulois de la fameuse bande dessinée d'Uderzo et Goscinny. Je m'étais procuré il y a quelques semaines un numéro spécial de la revue "Beaux arts" consacré à Astérix, et je m'attendais à une exposition assez similaire à ce qui était présenté dans le hors-série: analyse de l'humour dans Astérix, explications des jeux de mots et des références cachées (à chaque fois que je relis une BD d'Astérix, je découvre toujours quelque chose de nouveau), caricatures de personnes connues (savez-vous que les Beatles et Sean Connery ont été caricaturés?) et de peintures célèbres (certaines planches sont de véritables reproductions "à la BD" d'oeuvres connues), etc. Malheureusement, l'exposition ne présentait que trois ou quatre notes originales des auteurs, et une cinquantaine de planches géantes de variables albums d'Astérix. Donc, si vous aviez passé votre enfance à lire et relire Astérix, vous ne trouveriez rien de nouveau.

Et le lien entre le musée sur le Moyen-Âge et Astérix? En fait, comme le musée se trouve dans des thermes gallo-romains, et que dans les albums "Astérix légionnaire" et "Le bouclier d'Auvergne", des scènes se déroulent dans des thermes romains, il était "approprié" que l'exposition soit à ce musée. Lien assez mince, je l'avoue...

Bref, à part m'avoir donné l'envie de relire certains albums d'Astérix, je suis sorti un peu déçu de l'exposition (comme Franck d'ailleurs qui m'accompagnait; c'est un Français avec qui j'avais sympathisé à Montréal et que j'héberge cette fin de semaine).

mardi 1 décembre 2009

Situation actuelle et émotions

Depuis les dernières semaines, je crois avoir passé à travers cinq des six émotions de base: joie, colère, dégoût, tristesse, surprise et peur. Relatons les événements marquants:

Commençons par le plus désagréable. Le 17 novembre, après cinq mois d'attente pour que la préfecture me délivre finalement ma carte de séjour me permettant de vivre mon année en France (ouvrir complètement mon compte en banque, entre autres... car pour l'instant, je ne peux que déposer de l'argent dans un compte français, mais pas le retirer sans passer par mille et une démarches administratives), je suis allé à la préfecture des Yvelines (région départementale dans laquelle j'habite) afin de finaliser mes démarches. J'avais passé une semaine à vérifier compulsivement ma liste des documents à fournir pour m'assurer que rien ne manquait (originales et photocopies): passeport, acte de naissance délivré au cours des six derniers mois, visa, lettres confirmant que j'ai bien reçu des bourses (ainsi qu'un relevé bancaire prouvant que les montants ont été versés dans mon compte), facture d'électricité, bail, quittance de loyer, preuve de scolarité, convention de cotutelle, quatre photos identiques, cartes d'identité de ma colocatrice, passeport de mon directeur, les trois derniers talons de paies de mon directeur, ainsi que son dernier avis d'imposition, diplôme de ma maîtrise (par contre, ils ne voulaient pas une copie de mon mémoire), assurance sociale et santé, et je crois que c'est tout. La routine administrative, quoi! Bref, après quelques heures d'attente (malgré le fait qu'on m'ait convoqué pour 10h le matin) et vérifier les dizaines de documents (originaux et photocopies), j'ai attendu encore quelques heures pour me faire dire que: 1) on a besoin d'autres documents supplémentaires (qui ne sont pas dans la liste); 2) votre carte de séjour va prendre un autre trois mois pour être délivré; 3) vous ne pouvez pas quitter l'espace Schengen... en fait, vous pouvez le quitter, mais vous ne pouvez pas revenir sans obtenir un nouveau visa (et on sait que ça a été long et pénible pour l'obtenir au départ). Bref, alors que j'étais prêt à faire mes bagages car je m'attendais à me faire rapatrier, je me fais dire que pour le temps des Fêtes, il faut oublier le fait de revenir à Montréal. À ce moment-là, j'étais d'abord surpris par la tournure des événements, ensuite triste de ne pas pouvoir revenir à Montréal (alors que je planifiais déjà les retrouvailles et tout), en colère envers l'adminstration française (comment ne pas l'être), et finalement, je suis venu à être complètement dégoûté de la France.

En fait, j'étais en "beau joual vert" et après quelques appels à Montréal à certaines personnes pour annoncer la nouvelle, je me suis mis à réfléchir sur mes six mois en France. J'ai eu alors peur pour mon année doctorale, réalisant que les choses n'ont pas avancé car j'attendais, oh surprise, la réponse administrative du comité d'éthique depuis cinq mois pour que mon projet soit approuvé afin que je commence réellement ma recherche (mon but premier en venant ici). De plus, les cours suivis étaient une pure catastrophe (je n'ai jamais vu des profs aussi mauvais... même un certain professeur de biochimie au bacc. en sciences biomédicales à l'Université de Montréal était un roi de la pédagogie en comparaison). Bref, à force de me faire niaiser et de perdre mon temps, j'ai décidé d'ammorcer les démarches pour terminer le séjour en France, et finalement abandonner le doctorat du côté français.

Mon directeur de thèse français a eu très peur, et il s'est mobilisé afin que je reste. Quelques coups de fil ici et là, des rencontres à gauche et à droite, et je me retrouve avec un attaché parlementaire qui écrit à la préfecture pour tenter de renverser la situation, un service psychiatrique qui se rend finalement compte que j'existe et qui me font maintenant les yeux doux (certains m'invitent même à manger avec eux ,et même aller prendre un verre avec eux), finalement la possibilité de faire de la recherche sans me faire bloquer le chemin, et bientôt, un débat parlementaire au gouvernement sur la situation des étudiants étrangers (c'est que mon directeur de thèse travaille actuellement à accomplir avec le député s'occupant de mon cas). Qui aurait su que menacer d'abandonner un doctorat pouvait vraiment faire mobiliser des gens?

Bref, actuellement, je complète encore quelques formalités administratives (je suis rendu à un point qu'un document de plus ou de moins, je m'en fous) et j'attends la décision finale pour savoir si je peux revenir pour Noël à Montréal...

Entre temps, j'ai décidé de faire un retour au Quiz du Lundi au Lion's Pub, où se tient la rencontre hebdomadaire de Couchsurfing, après quelques mois d'absence. J'avais un peu de difficulté avec ces rencontres, car je trouvais qu'il y avait trop de monde, et qu'il y avait une grosse clique sectaire difficile à percer. Bref, j'ai rencontré quelques personnes et revu d'autres gens. Ça me permet d'entretenir l'illusion que j'ai une vie sociale palpitante. À ce point-ci, je m'en fous un peu de savoir si je suis en train de tisser des liens d'amitié ou si je fais du social pour jouer le jeu. En tout cas, c'est en France que j'ai appris à développer des relations superficielles.

Sinon, j'ai célébré mon anniversaire chez Patrick, un ami (dans la catégorie des relations non superficielles) vivant à Paris, en compagnie de quelques personnes avec qui j'entretiens de bons liens depuis quelques années, dont Sandra, celle qui m'a hébergé et nourri il y a quatre ans pendant quatre mois à Paris. Soirée plaisante avec bouffe, vins, discussions et quelques jeux...

J'ai également revu un artiste québécois que j'aime bien, Dany Placard, à l'International. C'était un petit concert d'une heure, très intime (on était sept je crois dans la salle), mais très agréable. Un moment où j'avais la sensation d'être à Montréal au Quai des brumes, à l'Esco ou au Divan Orange... Tant qu'à parler de concerts d'artistes québécois, je ne suis pas allé voir les Cowboys Fringants mercredi dernier, car je n'ai pas aimé les derniers albums, et que je les ai vus trop souvent en concert. Je préfère réserver mon 30 euros pour quelque chose d'autre.


J'ai aussi eu la possibilité d'aller au salon des vignerons indépendants dimanche dernier, où j'ai pu déguster (gratuitement) plusieurs vins français. Plusieurs belles découvertes et quelques bouteilles ramenées... J'ai une nette préférence pour ce salon que pour celui qui se déroule à Montréal (où on doit payer pour chaque dégustation). Le problème, c'est que le salon de Montréal nous oblige donc à finir notre verre car on ne veut pas gaspiller le verre de vin qu'on vient de payer (entre 1 à 5 $). Celui de Paris, ils nous versent assez pour avoir une ou deux gorgées pour réellement déguster sans se saoûler automatiquement. Je crois que c'est la première fois que je recrachais mon vin, mais c'était une sage décision pour bien goûter à un peu de tout se apprécier sans finir à quatre pattes. Il y a quelques autres salons du vin dans le mois à venir auxquels j'ai reçu des invitations... Je vais peut-être revenir à Montréal avec une bien meilleure connaissance du vin!

Voici donc ma vie au cours des derniers temps chargée de plusieurs émotions primaires. Si vous êtes parvenus à finir la lecture de ce texte, des commentaires seraient bien appréciés!

jeudi 12 novembre 2009

Berlin populaire et Paris bourgeois

En reprenant le train pour revenir à Paris (un beau neuf heures de trajet), j'ai pas pu m'empêcher d'écouter la conversation qui se déroulait derrière moi. Une Française (fin vingtaine, début trentaine) expliquait à un Allemand (fin quarantaine) comment que c'était de vivre à Paris. La femme était complètement désillusionnée par la capitale française, disant que c'était bien pour les vacances ou pour y vivre pour un très court temps, mais jamais il est possible de faire sa vie là-bas. Oui, il y avait la culture, la beauté de la ville, mais que la vie réelle était loin du conte de fées. Bref, c'était assez étrange d'entendre mes propres paroles sortir de la bouche d'une pure inconnue!

Avec les quelques bières dans le corps (je vous ai bien dit que le trajet durait neuf heures?), je me suis mis à réfléchir sur mon amour grandissant pour Berlin, et ma fascination décroissante pour Paris.

Pour moi, Paris, c'est la ville bourgeoise, celle qui a atteint son apogée et qui se repose sur ses lauriers. Berlin, c'est celle qui doit se battre pour renaître, celle qui innove et qui est en perpétuel changement. C'est une ville idéale pour la jeunesse, où il est permis de se révolter, de s'épanouir, de s'afficher comme on l'entend sans se soucier du regard des autres. D'ailleurs, il faut souligner comment certaines règles ne sont tout simplement pas appliquées en Allemagne, dont la loi anti-tabac (j'ai vu souvent des gens fumer dans les bars, les wagons de train, etc). L'art de la rue se trouve partout, et justement, elle fait une ville urbaine avec un coeur qui crie.

Paris, c'est la ville tranquille (d'ailleurs, plusieurs bars et boîtes de nuit sont maintenant fermés par la municipalité cette année pour cause de tapage nocturne... comme quoi, la chanson "Ronde de nuit" de la Mano Negra s'avère être prophétique), celle où on s'installe après avoir gagné beaucoup d'argent, celle qui reste immuable. J'ai tout simplement que Paris a arrêté de changer après les années 50. Quand on y pense bien, quand on évoque Paris, c'est toujours le passé, rarement le présent ou le futur. Berlin, c'est plutôt l'inverse. L'histoire a été très pénible pour cette ville, et elle essaie maintenant de se relever et prouver au monde qu'elle a beaucoup à apporter.

Un autre élément que j'ai pu observer, c'est comme Paris était une belle ville. Une TROP belle ville. À un tel point qu'on la sent artificielle (elle excelle dans sa cache-misère). Après les monuments historiques, l'architecture a coupé le souffle, qu'est-ce que Paris a à offrir à un étudiant dans la vingtaine? La culture? elle est juste trop chère pour être accessible. La vie sociale? la vie mondaine et les fausses apparences, très peu pour moi... Berlin, je dois l'avouer, est plutôt sale et laide. Un peu comme Montréal en fait. L'intérêt ne réside pas dans sa beauté architecturale, mais dans sa vie de tous les jours. Réellement faire la fête à Berlin sans débourser plus de 5 euros, c'est possible (à Paris, impossible à moins d'avoir des connections... vive l'élitisme)! Manger un repas complet (encore à moins de 5 euros), c'est également possible! Se payer un grand appartement, encore une fois, c'est possible (à Paris, vous payez des 600-700 euros pour un placard)!

Bref, j'aime quand c'est rude, sale, et que ça sent le vrai et l'authentique!

Chute du mur de Berlin - 20 ans après

Le 9 novembre 2009 a marqué le 20e anniversaire de la Chute du mur de Berlin. Étant relativement proche de l'Allemagne, et ayant envie de revoir la capitale allemande, j'ai pris mes billets de train en direction de Berlin.

Pour fêter l'événement, des milliers de dominos réalisés à partir de blocs de styromousse colorés et peints sous les thèmes de la Guerre froide, du Mur, et de la paix étaient posés entre la Potsdamer Platz (ancien no man's land, gros carrefour du capitalisme aujourd'hui) et le Reichtsag (le parlement), en passant par la porte de Brandebourg (emblème de la ville de Berlin). Le premier domino étant poussé, les autres blocs se succédèrent dans la chute. Tout au long de la soirée, des politiciens comme Angela Merkel (chancelière de l'Allemagne), Nicolas Sarkozy (président de la France), Hillary Clinton (secrétaire d'état des États-Unis), Gordon Brown, (premier ministre de la Grande-Bretagne), José Manuel Barroso (président de la commission de l'Union Européenne), Dimitri Medvedev, (président de la Russie) et Mikhaïl Gorbatchev (ancien président de l'Union soviétique), ont prononcé des discours sur l'état mondial et la signification de la chute du mur. Considérant que je ne comprends que l'anglais et le français, je n'ai pas compris ce que la plupart des gens disaient! La célébration comprenait aussi des artistes musicaux, dont une performance de Bon Jovi. Je sais, ce n'est pas très allemand, mais bon... Il faut que je souligne le fait que U2 était également présent deux jours auparavant, et que le concert a un peu mal tourné, car ils avaient bâti un gros mur pour empêcher les gens sans billets de rentrer sur le site du spectacle... Les gens mécontents ont démoli ce mur en signe de protestation!

En plus de la célébration officielle, il y avait également le Mauer Mob. Des centaines et des cetaines de gens se sont réunis pour créer une longue chaîne humaine tout le long de l'ancien mur. Ne pouvant pas être à deux endroits différents en même temps, et considérant comment la foule était dense dans les rues de Berlin cette journée-là, je n'ai pas pu voir le résultat.

Le fait d'être dans la foule à côté de la Porte de Brandebourg, je pouvais bien ressentir la frénésie et l'excitation qu'il y avait dans l'air. Aussi, j'étais à environ un bras de distance des blocs, et les voir tomber était tout simplement extraordinaire. À côté de moi se trouvaient des Allemands ayant vécu la Chute du mur il y a 20 ans, et à voir les larmes sur leurs visages, je saississais toute l'importance de cet événement. Il est tout à fait étrange d'être présent à Berlin pour marquer un événement aussi important historiquement, alors qu'à l'époque, je n'avais que 5 ans...

Et voici quelques photos:













mercredi 4 novembre 2009

Marburg - prise 2

Environ deux mois plus tard, je suis revenu à Marburg (Allemagne) pour revoir Lena. En fait, du 4 au 11 novembre, je serai à Berlin pour la commémoration de la Chute du mur et comme Marburg était sur mon chemin, et que Lena faisait un party d'Halloween, j'ai décidé de partir plus tôt de Paris et m'arrêter dans ce petit village féérique.

Halloween en Europe, du moins en France et en Allemagne, ce n'est pas la grosse fièvre comme en Amérique du Nord. Les maisons décorées font exception, et les boutiques ne sont pas recouvertes de citrouilles grimaçantes et de toiles d'araignées. C'était la première année de ma vie que je ne voyais pas d'enfants sonner aux portes vers les 18h... Un peu déstabilisant pour un Nord-Américain pour qui Halloween est une fête ultra médiatisée au point de s'en écoeurer.

Comme j'étais dans une ville estudiantine, il y avait effectivement des soirées costumées en ce 31 octobre. Lena était déguisée en orpheline maléfique et moi en Aladdin. Constatation: il fait peut-être un peu froid en Allemagne pour se déguiser en personnage des mille et une nuits! Nous sommes allés à une fête avec ses amis et ce fut extrêmement plaisant. Il faut avouer que j'ai un faible pour les soirées costumées...

4h du matin, moi et son ancien copain (déguisé en boucher) sommes retournés chez Lena pour dormir un peu. Autre constatation: je suis très mauvais avec les clés à l'ancienne (vous savez, quand vous demandez à un enfant de dessiner une clé, et il vous sort quelque chose qui semble dater du Moyen-Âge ou provenir du château de Barbe-Bleue). Déjà qu'à l'hôpital, je me bats à chaque fois avec les serrures, cette fois-ci, ce fut pour la salle de bains. Bref, je peux maintenant dire que j'ai réussi à m'embarrer dans une toilette et que j'ai dû sortir par la fenêtre, toujours déguisé en Aladdin...

Pour les autres jours à Marburg, ce fut très calme et reposant: thé/café au Roter Stern, petit café rappelant par moments l'Escalier à Montréal, natation à la piscine (me baigner me manquait énormément), promenade dans le village, et quelques bières en soirées dans des bars déjà mentionnés précédemment (Sudhaus, Cavete, etc).

Pour ma dernière soirée, petit cours d'arts martiaux de deux heures. Très particulier de suivre un cours donné en allemand... Bref, il y a quand même des limites à observer et imiter un professeur... une chance que Lena me faisait une traduction simultanée! Je me suis rendu compte qu'après toutes ces années à faire du Teakwon-do, certaines bases restent... Et vraiment, toute ma frustration envers l'administration française a été évacuée sur le bouclier rembourré...

Bon, il est temps de prendre mon train pour Berlin... à bientôt!

mardi 3 novembre 2009

Quai Branly: là où dialoguent les cultures

Je suis très conscient que je donne actuellement l'impression que je serai le premier à signer une pétition pour l'anéantissement de la ville de Paris et de ses habitants, mais ce n'est pas tout à fait le cas. Oui, des choses me vont profondément hurler (en doux murmures dans ma tête), mais il y a quand même du bon à Paris. Voici ma dernière découverte...

Depuis quelques temps, en marchant (lire ici: en courant) dans le métro, je vois des affiches pour une exposition temporaire sur Teotihuacan au Quai Branly (http://www.quaibranly.fr/), musée d'anthropologie ouvert depuis 2006. Après des semaines à me dire: "J'irai ce soir après l'hôpital", je me suis finalement rendu à ce musée dont je retardais la visite depuis un bon cinq mois...

Si on oublie un peu la file d'attente d'une heure et demie (je suis souvent très heureux de traîner un livre avec moi dans ces moments-là... et de circonstance, j'avais une anthologie du chamanisme dans ma poche), j'ai été agréablement surpris. Pour l'exposition en soi, c'est bien, mais j'ai trouvé ça un peu lourd à certains moments car il y avait juste trop de textes à lire. Écriture blanche sur fond rouge dans une lumière tamisée, au bout d'une heure et demie, ça fatigue énormément les yeux. Et comme le sujet m'intéressait, je voulais réellement tout lire...

Pour résumer, l'exposition sur Teotihuacan couvre plusieurs aspects de la "Cité des dieux" dans la région mésoamérique: architecture (et on retrouve une maquette géante de plusieurs mètres de la cité en question), religion et croyances, économie, armée, arts, coutumes, etc. Entre les inévitables petits outils (flèches, cuillères, etc.) se trouvent les grandes fresques, les masques cérémoniaux et les sculptures de l'époque précolombienne. Bref, très intéressant pour ceux qui ont grandi avec la série "Les mystérieuses cités d'or"...

Par la suite, je me suis promené dans les expositions permanentes, regroupées par région et continent. Comme j'avais la tête un peu saturée par l'exposition temporaire, j'ai tout simplement marché d'un bout à l'autre, en m'arrêtant à certains moments sur les choses qui attiraient mon attention (les Inuits, le Vietnam, les aborigènes d'Australie).

Il y avait également au dernier étage une exposition temporaire portant sur les 160 ans de photographie en Iran. Le tout débute par des photos de famille et se termine en photo-reportage, où la réalité iranienne du début du 21e siècle est montrée dans toute sa beauté et sa laideur. Bref, très heureux d'être tombé sur cette section un peu par hasard. Je suis en train de développer un certain intérêt pour les photographies de gens pris sur le vif de leur vie quotidienne. D'ailleurs sur les quais de Seine, on retrouve plusieurs photographies intéressantes dans le cadre de la 2e édition de "Photo Quai" (Pour la première édition, je me suis procuré le catalogue complet, donc vous verrez les photos si ça vous intéresse à mon retour à Montréal). Pour ceux qui ne sont pas à Paris, voici un lien pour voir ce qui me fait arrêter quand je marche le long du fleuve (oui, la Seine est bien un fleuve): http://www.photoquai.fr/fr/sur-les-quais.html. Je vous conseille vivement d'aller voir leur site.

Le musée comporte également une bibliothèque bien fournie portant sur tous les aspects de l'anthropologie, ainsi qu'une petite section sur les contes à travers le monde. Des postes multimédia se trouvent également dans la partie "documentation" où on peut entendre des extraits de différentes langues, ainsi que des petites capsules sur divers sujets liés à l'anthropologie.

Pour terminer, toutes les semaines, le musée offre des conférences gratuites, ainsi que des concerts (payants) de musique du monde. Bref, j'ai passé une bonne partie de ma soirée du vendredi au Quai Branly, en considérant sérieusement à adhérer pour la première fois à un musée.

Donc, si jamais vous êtes à Paris, le Quai Branly vaut définitivement le détour.

vendredi 30 octobre 2009

Ras le bol

Ça fait cinq mois que j'ai quitté Montréal pour venir "faire de la recherche" à Paris. Actuellement, je suis convaincu que ce fut une grave erreur de ma part. L'hôpital La Pitié-Salpêtrière a eu une longue histoire intéressante pour ce qui est de la psychiatrie. Des grands noms tels que Philippe Pinel, Sigmund Freud, Joseph Babinksi, Jean-Martin Charcot et Jean-Étienne Esquirol ont soit étudié ou exercé dans cette institution. Au départ un petit arsenal pour fabriquer de la poudre (non blanche!), il fut converti au 17e siècle en hôpital.

Pour plusieurs auteurs, la psychiatrie moderne est née à la Salpêtrière. On s'attendrait donc que, pour un étudiant en sciences psychiatriques au 21e siècle, le milieu est stimulant et offre une opportunité de voir ce qu'il y a de plus innovateurs dans le domaine. Malheureusement, ce n'est pas ce que je vis actuellement. Pour avoir travaillé pendant quatre ans à l'hôpital Rivière-des-Prairies et au Centre de recherche Fernand-Seguin, j'ai pu voir comment au Québec, on était doué pour faire avancer les recherches en santé mentale. Les efforts sont mis de l'avant pour investiguer les troubles psychiatriques afin d'améliorer notre compréhension de la psychopathologie et contribuer à la pratique clinique. Bref, après quatre années dans un environnement stimulant où les échanges existent, je suis royalement déçu par la Pitié-Salpêtrière. J'ai cette impression qu'ils sont pris quelque part au milieu du 20e siècle, et que les choses ont figé dans le temps. Pour la recherche, il faut quasiment harceler les cliniciens qui se disent ouverts pour obtenir quoi que ce soit. Les échanges entre professionnels se font de manière hiérarchique, où les étudiants ne font qu'écouter sans oser glisser un seul mot de ce qu'ils pensent aux grands professeurs et médecins. Ainsi, j'ai juste hâte d'avoir fait mon temps (oui, je vois maintenant ça comme une peine à purger, et il me reste sept mois avant ma libération définitive, et 47 jours avant ma libération conditionnelle).

Je crois que l'élément qui m'a complètement abasourdi, c'était le commentaire d'un médecin lors d'une conférence d'un psychologue de la Clinique des troubles de l'humeur qui présentait la thérapie dialectique-comportementale pour les adolescents ayant un trouble de personnalité limite. Selon lui, il n'était pas possible, ou plutôt très difficile à implanter, d'instaurer cette thérapie à la Salpêtrière, car c'était trop basé sur l'efficacité!

Parlons-en de l'efficacité, terme dont l'administration française semble y être allergique! Tout prend un temps fou, et on se dit qu'ils décortiquent le dossier en profondeur et qu'ils veulent faire un bon travail. Faux! À voir les commentaires ou recommandations, on se dit qu'ils ont sûrement lu les documents en diagonale. Et je ne parle même pas de l'histoire de ma carte de séjour (et je suis rendu à avoir le fantasme de ne pas l'avoir finalement et me faire rapatrier au Québec)...

Un historien avait déjà dit que la France était vouée à disparaître de l'histoire mondiale au 21e siècle comme état influent. En tout cas, si la France continue à se flatter en regardant les gloires du passé sans avoir une vision de l'avenir, ça risque fort d'arriver. L'état de la recherche en santé mentale est plutôt désolant... surtout que les étudiants ont un accès très limité aux articles scientifiques ou ne comprennent pas l'anglais (et on s'entend, les textes scientifiques, ce n'est pas de la grande littérature avec des figures de style très recherchées)! Si la relève n'est même pas capable d'avoir les ressources, comment veulent-ils avancer?

Suite à plusieurs présentations de chercheurs québécois en santé mentale, le chef de service en pédopsychiatrie avait soulevé le fait qu'au Québec, nous ne branlons pas dans le manche. Nous voyons une problématique, nous élaborons une hypothèse de recherche et nous nous mettons à l'action. Il dit que, malheureusement, la France est encore à l'étape de "on va en discuter". La discussion est un élément essentiel pour faire bouger les choses, mais ce n'est pas la seule étape. Il ne faut pas se le cacher, les Français sont de grands et bons orateurs... mais à quoi ça sert de parler et discuter si aucune solution n'est appliquée ou mise en pratique?

Ainsi, se conclut mon texte chargé de frustrations. Il fallait que je mette le tout en mots. Et aussi, depuis le temps que les gens me demandent ce que je pense des études en France, voici donc ma réponse franche et honnête. Je souligne que ceci ne reflète que ma pensée personnelle, et que si vous n'êtes pas d'accord, prouvez-moi le contraire.

Bon, je vous laisse, je m'en vais faire mes bagages pour l'Allemagne, pays où je n'ai pas à contenir et à réguler mes émotions (dont la colère) sur une base horaire face à autant de passivité.

lundi 19 octobre 2009

Montmartre

Malgré le fait que Montmartre soit l'un des quartiers touristiques, il n'en demeure pas moins que j'aime beaucoup ce coin de Paris. Ceci est d'ailleurs assez étrange, car les pièges à touristes se trouvent à chaque coin de rue. Ici, nous avons droit, en plus des cartes postales et des affiches vues mille fois (Le Chat Noir, Aristide Bruant, etc.), des gens déguisés à la mode Belle Époque, des peintres et des caricaturistes, et j'en passe. Avec le nombre de touristes qui s'attendent à voir le Paris cabaret, le Paris canaille, il est difficile de marcher sans faire du slalom humain. Depuis le film "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulin", la popularité du quartier est encore plus importante auprès des étrangers.

Même si le quartier a tout pour être désagréable, il existe une beauté et un charme que je ne peux nier. Les escaliers, les rues sinueuses, les côtes, les pavés, les vignes grimpantes, tous ces éléments contribuent à faire du quartier un endroit où il fait bon se promener. Son histoire aussi en est pour quelque chose. Les nombreux artistes qui ont vécu au cours du dernier siècle ont fait de Montmartre ce qu'il est aujourd'hui.

Il y a quelques temps, j'ai assisté à une conférence en deux journées (pour un total de trois heures environ) sur l'histoire des cabarets de Montmartre. Sans vous refaire un résumé exhaustif, je vais juste mentionner quelques points que j'ai retenu.

- Commençons d'abord avec Le Lapin Agile: le nom vient d'une image d'un lapin sautant d'une casserole figurant devant ce cabaret et dessinée par André Gill. Au départ, le cabaret s'appelait "Aux assassins" à cause d'une peinture d'un tueur à l'intérieur de l'endroit. C'était un repère idéal pour les artistes qui voulaient fuir un peu Paris (en ce temps-là, Montmartre était une campagne avec des moulins et des vaches).

- Les artistes ont émigré à Montmartre à cause de la répression policière qui sévissaient dans le Quartier Latin, où se trouvent les universités, et par conséquent, tous les étudiants. En fait, il faut savoir que le véritable Montmartre se trouve en bas de l'actuelle Butte Montmartre. À l'exception de quelques artistes à la recherche de lait frais pour récupérer d'un nuit trop arrosée par l'alcool, peu de gens montait la côte. Ironie donc que les touristes montent les escaliers et s'essouflent à gravir la Butte Montmartre, sans se douter qu'ils sont au "mauvais endroit"!

- Le Chat Noir a déménagé et il y a eu une grande procession du premier local au deuxième.

- En dansant, les filles pouvaient "s'éventrer" en faisant le grand écart, se déchirant les muscles et ligaments.

- Les artistes protégeaient les prostituées des proxénètes (pimps) en les hébergeant et en les prenant pour modèles.

Il serait trop long pour moi d'écrire tout ce que j'ai pu apprendre sur le quartier. J'espère que cette petite introduction permettra à certains d'approfondir davantage le sujet à travers quelques bons livres à la bibliothèque. Il y a aussi l'option de venir à Paris, et je vous ferai un tour du quartier rempli de plusieurs anecdotes!

Bref, pour moi, Montmartre reste un incontournable de Paris. Peut-être est-ce pour cette raison que les touristes se sentent obligés de faire un détour là-bas!

dimanche 4 octobre 2009

Nuit blanche à Paris

Pour les Montréalais, nul besoin d'expliquer le concept de la Nuit blanche, qui se déroule à la fin du mois de février, pour clôturer le festival Montréal en lumière. L'idée même est partie de Paris, il y a environ six ans. Dans la Ville Lumière, l'événement a lieu en octobre, où le temps est doux et agréable, et non dans le froid sibérien à -40 comme à Montréal.

J'ai donc fait un tour rapide à la Nuit blanche hier, n'ayant aucunement l'intention de rester éveillé toute la nuit, car je suis actuellement enrhumé (merci les colocs!) et je ne tiens pas à prolonger la durée de ma maladie en mettant trop de stress sur mon petit corps. Il faut savoir que le sommeil est une composante essentielle dans la récupération et la guérison! Bref, j'ai quand même eu le temps de voir quelques expositions et me promener un peu en compagnie de mes Couchsurfers du moment (deux Américaines: Jen et Stacy), ainsi qu'avec Patrick (voir les premiers messages de ce blogue).

En parcourant la programmation, j'ai observé une différence notable entre Paris et Montréal: alors que Montréal propose une diversité d'activités des plus hétéroclites (se baigner dehors sur le toit de l'hôtel Hilton, faire de la luge dans le Vieux-Port, swigner sa compagnie au Cabaret du Roy, écouter du slam à la Bibliothèque nationale, écouter des concerts de groupes émergents au Métropolis, etc.), Paris offre plutôt un programme uniforme et homogène. Nous avons surtout droit à des expositions d'art moderne. Ainsi, nous avons des projections vidéo d'artistes se prenant pour David Lynch en transe chamanique. Des plans très rapprochés d'un visage, d'une tête d'un loup empaillé, des formes psychédéliques... toutes ces images défilent sous nos yeux sur une musique contemporaine post-apocalyptique (où l'artiste semble varger sur un piano de façon assez aléatoire tout en faisant grincer les cordes d'un violon). Parmi la douzaine d'expositions que j'ai pu voir lors de la Nuit blanche, pas une se démarquait par son originalité. Même le ballon rose gonflé à l'hélium en forme d'un gros beigne qui tente de "flotter" au-dessus des Archives nationales n'impressionne pas réellement.

Ce n'est pas tant le fait que c'était de l'art moderne (car j'apprécie ça plutôt bien), c'est plutôt que je sentais que c'était une tentative de faire de l'art. Beaucoup de choses vues, revues, mâchées, et recrachées... Pour une ou deux heures, c'est bien... pour toute une nuit blanche complète, ça devient saoûlant!

Malheureusement, les musées n'étaient pas ouverts, donc à part d'aller dans un bar ou contempler ces oeuvres d'art contemporain, il n'y a pas trop à faire... Je suis donc revenu un peu déçu, espérant de quelque chose de grandiose de la part de Paris, et de beaucoup moins passif. Finalement, je préfère la Nuit blanche à -40 à Montréal, où au moins, on peut faire des activités nous permettant de rester éveillés (faire des danses traditionnelles québécoises, ça tient au chaud et on ne s'endort pas). Je viens de comprendre pourquoi mes amis français ne semblaient pas très enthousiastes à l'idée d'aller faire la Nuit blanche...

samedi 26 septembre 2009

Absinthe à Paris

Tous ceux qui me connaissent plutôt bien savent que j'ai un intérêt particulier pour l'absinthe. Il y a environ quatre ans, le nom de cette liqueur me renvoyait à des images de poètes tels que Verlaine ou Rimbaud, à l'esprit bohémien, à la drogue qui rendait les gens fous. D'ailleurs, une aura de mystère plane autour de cet alcool considéré comme diabolique, malsain, etc. La réalité est tout autre.

Au fil de mes lectures, j'ai essayé de comprendre d'où venait cette réputation, bonne ou mauvaise. Voici un très petit cours d'histoire sur l'absinthe 101:

Semblerait-il que la liqueur d'absinthe a été « créée » dans les Alpes par une vieille dame comme médicament. Un certain Monsieur Ordinaire (tel est son nom) aurait été l'un des premiers à commercialiser le produit. La liqueur a été popularisée lors de la guerre d'Algérie, lorsque les Français versaient un peu d'absinthe dans l'eau afin d'en tuer les vers, les bactéries, etc. Après leur victoire, l'absinthe a été perçue comme un symbole patriotique français.

Quelque part dans la deuxième moitié du 19e siècle, un parasite détruisait les vignes, empêchant ainsi la production de vin de qualité. Il faut savoir qu'à l'époque, l'alcool contenu dans l'absinthe provenait de la distillation du vin. Ainsi, certaines distilleries ont commencé à utiliser de l'alcool industriel. Pire encore, la production se faisait dans des grosses cuves de cuivre et de plomb. Donc, les gens éprouvaient quelques difficultés certainement dues à l'intoxication aux métaux lourds. De plus, l'absinthe était devenue un alcool peu dispendieux comparativement au vin. Il était dit que, vers 17 h, l'heure verte, les rues de Paris avaient une forte odeur anisée. Un sociologue aurait été très intéressé de voir défiler tour à tour les classes sociales, puisque chacun avait son heure pour boire l'absinthe.

Évidemment, le prix de l'absinthe et les situations socio-économiques de l'époque ont contribué à l'apparition de problèmes d'alcoolisme important à travers la France. Il faut savoir qu'en Angleterre, l'absinthe n'a jamais connu une telle popularité, étant donné qu'elle était symbole de la décadence française. Un puissant lobbying a été monté contre l'absinthe par les producteurs de vin (qui n'était pas considéré comme un alcool) et des études dont les erreurs méthodologiques sauteraient aux yeux de n'importe quel biologiste ou médecin ont permis à cette démonisation de la liqueur. Meurtre, prostitution, suicide, tout était mis sur le dos de l'absinthe. Éventuellement, avec le début de la Première Guerre mondiale, l'absinthe a été prohibée et, depuis, un air de mystère l'entoure.

Il faut aussi savoir que dans les années 1980, en Europe de l'Est, ils sont rendus compte qu'ils n'avaient jamais banni l'absinthe, puisqu'elle n'était pas très popularisée. Jouant sur les mythes, les absinthes tchèques (et des pays alentour) ont été vendues en vantant les vertus hallucinogènes et en mettant l'accent sur cet alcool bu par les grands artistes (Vincent Van Gogh, Oscar Wilde, Victor Hugo, etc.). Pour rajouter à son image légendaire, le rituel de faire flamber un cube de sucre a été créé de toutes pièces.

Depuis une dizaine d'années environ, l'absinthe est redevenue légale en France. Quelques réglementations existent quant au produit en matière d'appellation et de contenu (surtout pour la thuyone qui est à une dose très minime, ne permettant pas l'apparition de convulsions et hallucinations).

À Paris, il existe plusieurs fournisseurs d'absinthe, dont le Vert d'absinthe (http://www.vertdabsinthe.com/), qui vendent plusieurs bouteilles, ainsi que le matériel (verres, cuillères, fontaines, etc.). Le premier bar servant plusieurs absinthes, le Cantada, se trouve dans le 11e arrondissement, rue Moret. J'y suis allé jeudi dernier et j'ai pu voir que tout se faisait dans les règles de l'art. Le serveur connaît très bien ses produits et sait nous conseiller sur ce qu'on recherche. Le doigt d'absinthe dans un verre, le sucre sur la cuillère, et la fontaine d'eau pour la dilution... comme on le faisait au 19e siècle en France. Les prix varient entre 3,50 à 10 euros. À la grande différence des absinthes tchèques qui goûtent le rince-bouche qui a mal tourné, les absinthes suisses et françaises ont un goût anisé (comme elles le doivent), avec un bouquet herbacé allant du subtil au très prononcé, ainsi qu'une amertume bien caractéristique. D'ailleurs, il faut souligner que les vainqueurs olympiques romains et grecs se voyaient remettre de l'absinthe, en plus des feuilles de laurier, pour leur rappeler que toute victoire connaît ses jours plus amers.

Bientôt, j'ai l'intention d'aller voir le musée de l'absinthe à Auvers-sur-Oise, dernière ville de résidence de Van Gogh... Marie-Claude Delahaye, l'une des experts internationaux sur le sujet, tient ce musée. Je vous ferai part de mes découvertes!