Ça fait cinq mois que j'ai quitté Montréal pour venir "faire de la recherche" à Paris. Actuellement, je suis convaincu que ce fut une grave erreur de ma part. L'hôpital La Pitié-Salpêtrière a eu une longue histoire intéressante pour ce qui est de la psychiatrie. Des grands noms tels que Philippe Pinel, Sigmund Freud, Joseph Babinksi, Jean-Martin Charcot et Jean-Étienne Esquirol ont soit étudié ou exercé dans cette institution. Au départ un petit arsenal pour fabriquer de la poudre (non blanche!), il fut converti au 17e siècle en hôpital.
Pour plusieurs auteurs, la psychiatrie moderne est née à la Salpêtrière. On s'attendrait donc que, pour un étudiant en sciences psychiatriques au 21e siècle, le milieu est stimulant et offre une opportunité de voir ce qu'il y a de plus innovateurs dans le domaine. Malheureusement, ce n'est pas ce que je vis actuellement. Pour avoir travaillé pendant quatre ans à l'hôpital Rivière-des-Prairies et au Centre de recherche Fernand-Seguin, j'ai pu voir comment au Québec, on était doué pour faire avancer les recherches en santé mentale. Les efforts sont mis de l'avant pour investiguer les troubles psychiatriques afin d'améliorer notre compréhension de la psychopathologie et contribuer à la pratique clinique. Bref, après quatre années dans un environnement stimulant où les échanges existent, je suis royalement déçu par la Pitié-Salpêtrière. J'ai cette impression qu'ils sont pris quelque part au milieu du 20e siècle, et que les choses ont figé dans le temps. Pour la recherche, il faut quasiment harceler les cliniciens qui se disent ouverts pour obtenir quoi que ce soit. Les échanges entre professionnels se font de manière hiérarchique, où les étudiants ne font qu'écouter sans oser glisser un seul mot de ce qu'ils pensent aux grands professeurs et médecins. Ainsi, j'ai juste hâte d'avoir fait mon temps (oui, je vois maintenant ça comme une peine à purger, et il me reste sept mois avant ma libération définitive, et 47 jours avant ma libération conditionnelle).
Je crois que l'élément qui m'a complètement abasourdi, c'était le commentaire d'un médecin lors d'une conférence d'un psychologue de la Clinique des troubles de l'humeur qui présentait la thérapie dialectique-comportementale pour les adolescents ayant un trouble de personnalité limite. Selon lui, il n'était pas possible, ou plutôt très difficile à implanter, d'instaurer cette thérapie à la Salpêtrière, car c'était trop basé sur l'efficacité!
Parlons-en de l'efficacité, terme dont l'administration française semble y être allergique! Tout prend un temps fou, et on se dit qu'ils décortiquent le dossier en profondeur et qu'ils veulent faire un bon travail. Faux! À voir les commentaires ou recommandations, on se dit qu'ils ont sûrement lu les documents en diagonale. Et je ne parle même pas de l'histoire de ma carte de séjour (et je suis rendu à avoir le fantasme de ne pas l'avoir finalement et me faire rapatrier au Québec)...
Pour plusieurs auteurs, la psychiatrie moderne est née à la Salpêtrière. On s'attendrait donc que, pour un étudiant en sciences psychiatriques au 21e siècle, le milieu est stimulant et offre une opportunité de voir ce qu'il y a de plus innovateurs dans le domaine. Malheureusement, ce n'est pas ce que je vis actuellement. Pour avoir travaillé pendant quatre ans à l'hôpital Rivière-des-Prairies et au Centre de recherche Fernand-Seguin, j'ai pu voir comment au Québec, on était doué pour faire avancer les recherches en santé mentale. Les efforts sont mis de l'avant pour investiguer les troubles psychiatriques afin d'améliorer notre compréhension de la psychopathologie et contribuer à la pratique clinique. Bref, après quatre années dans un environnement stimulant où les échanges existent, je suis royalement déçu par la Pitié-Salpêtrière. J'ai cette impression qu'ils sont pris quelque part au milieu du 20e siècle, et que les choses ont figé dans le temps. Pour la recherche, il faut quasiment harceler les cliniciens qui se disent ouverts pour obtenir quoi que ce soit. Les échanges entre professionnels se font de manière hiérarchique, où les étudiants ne font qu'écouter sans oser glisser un seul mot de ce qu'ils pensent aux grands professeurs et médecins. Ainsi, j'ai juste hâte d'avoir fait mon temps (oui, je vois maintenant ça comme une peine à purger, et il me reste sept mois avant ma libération définitive, et 47 jours avant ma libération conditionnelle).
Je crois que l'élément qui m'a complètement abasourdi, c'était le commentaire d'un médecin lors d'une conférence d'un psychologue de la Clinique des troubles de l'humeur qui présentait la thérapie dialectique-comportementale pour les adolescents ayant un trouble de personnalité limite. Selon lui, il n'était pas possible, ou plutôt très difficile à implanter, d'instaurer cette thérapie à la Salpêtrière, car c'était trop basé sur l'efficacité!
Parlons-en de l'efficacité, terme dont l'administration française semble y être allergique! Tout prend un temps fou, et on se dit qu'ils décortiquent le dossier en profondeur et qu'ils veulent faire un bon travail. Faux! À voir les commentaires ou recommandations, on se dit qu'ils ont sûrement lu les documents en diagonale. Et je ne parle même pas de l'histoire de ma carte de séjour (et je suis rendu à avoir le fantasme de ne pas l'avoir finalement et me faire rapatrier au Québec)...
Un historien avait déjà dit que la France était vouée à disparaître de l'histoire mondiale au 21e siècle comme état influent. En tout cas, si la France continue à se flatter en regardant les gloires du passé sans avoir une vision de l'avenir, ça risque fort d'arriver. L'état de la recherche en santé mentale est plutôt désolant... surtout que les étudiants ont un accès très limité aux articles scientifiques ou ne comprennent pas l'anglais (et on s'entend, les textes scientifiques, ce n'est pas de la grande littérature avec des figures de style très recherchées)! Si la relève n'est même pas capable d'avoir les ressources, comment veulent-ils avancer?
Suite à plusieurs présentations de chercheurs québécois en santé mentale, le chef de service en pédopsychiatrie avait soulevé le fait qu'au Québec, nous ne branlons pas dans le manche. Nous voyons une problématique, nous élaborons une hypothèse de recherche et nous nous mettons à l'action. Il dit que, malheureusement, la France est encore à l'étape de "on va en discuter". La discussion est un élément essentiel pour faire bouger les choses, mais ce n'est pas la seule étape. Il ne faut pas se le cacher, les Français sont de grands et bons orateurs... mais à quoi ça sert de parler et discuter si aucune solution n'est appliquée ou mise en pratique?
Ainsi, se conclut mon texte chargé de frustrations. Il fallait que je mette le tout en mots. Et aussi, depuis le temps que les gens me demandent ce que je pense des études en France, voici donc ma réponse franche et honnête. Je souligne que ceci ne reflète que ma pensée personnelle, et que si vous n'êtes pas d'accord, prouvez-moi le contraire.
Bon, je vous laisse, je m'en vais faire mes bagages pour l'Allemagne, pays où je n'ai pas à contenir et à réguler mes émotions (dont la colère) sur une base horaire face à autant de passivité.
Suite à plusieurs présentations de chercheurs québécois en santé mentale, le chef de service en pédopsychiatrie avait soulevé le fait qu'au Québec, nous ne branlons pas dans le manche. Nous voyons une problématique, nous élaborons une hypothèse de recherche et nous nous mettons à l'action. Il dit que, malheureusement, la France est encore à l'étape de "on va en discuter". La discussion est un élément essentiel pour faire bouger les choses, mais ce n'est pas la seule étape. Il ne faut pas se le cacher, les Français sont de grands et bons orateurs... mais à quoi ça sert de parler et discuter si aucune solution n'est appliquée ou mise en pratique?
Ainsi, se conclut mon texte chargé de frustrations. Il fallait que je mette le tout en mots. Et aussi, depuis le temps que les gens me demandent ce que je pense des études en France, voici donc ma réponse franche et honnête. Je souligne que ceci ne reflète que ma pensée personnelle, et que si vous n'êtes pas d'accord, prouvez-moi le contraire.
Bon, je vous laisse, je m'en vais faire mes bagages pour l'Allemagne, pays où je n'ai pas à contenir et à réguler mes émotions (dont la colère) sur une base horaire face à autant de passivité.