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vendredi 30 octobre 2009

Ras le bol

Ça fait cinq mois que j'ai quitté Montréal pour venir "faire de la recherche" à Paris. Actuellement, je suis convaincu que ce fut une grave erreur de ma part. L'hôpital La Pitié-Salpêtrière a eu une longue histoire intéressante pour ce qui est de la psychiatrie. Des grands noms tels que Philippe Pinel, Sigmund Freud, Joseph Babinksi, Jean-Martin Charcot et Jean-Étienne Esquirol ont soit étudié ou exercé dans cette institution. Au départ un petit arsenal pour fabriquer de la poudre (non blanche!), il fut converti au 17e siècle en hôpital.

Pour plusieurs auteurs, la psychiatrie moderne est née à la Salpêtrière. On s'attendrait donc que, pour un étudiant en sciences psychiatriques au 21e siècle, le milieu est stimulant et offre une opportunité de voir ce qu'il y a de plus innovateurs dans le domaine. Malheureusement, ce n'est pas ce que je vis actuellement. Pour avoir travaillé pendant quatre ans à l'hôpital Rivière-des-Prairies et au Centre de recherche Fernand-Seguin, j'ai pu voir comment au Québec, on était doué pour faire avancer les recherches en santé mentale. Les efforts sont mis de l'avant pour investiguer les troubles psychiatriques afin d'améliorer notre compréhension de la psychopathologie et contribuer à la pratique clinique. Bref, après quatre années dans un environnement stimulant où les échanges existent, je suis royalement déçu par la Pitié-Salpêtrière. J'ai cette impression qu'ils sont pris quelque part au milieu du 20e siècle, et que les choses ont figé dans le temps. Pour la recherche, il faut quasiment harceler les cliniciens qui se disent ouverts pour obtenir quoi que ce soit. Les échanges entre professionnels se font de manière hiérarchique, où les étudiants ne font qu'écouter sans oser glisser un seul mot de ce qu'ils pensent aux grands professeurs et médecins. Ainsi, j'ai juste hâte d'avoir fait mon temps (oui, je vois maintenant ça comme une peine à purger, et il me reste sept mois avant ma libération définitive, et 47 jours avant ma libération conditionnelle).

Je crois que l'élément qui m'a complètement abasourdi, c'était le commentaire d'un médecin lors d'une conférence d'un psychologue de la Clinique des troubles de l'humeur qui présentait la thérapie dialectique-comportementale pour les adolescents ayant un trouble de personnalité limite. Selon lui, il n'était pas possible, ou plutôt très difficile à implanter, d'instaurer cette thérapie à la Salpêtrière, car c'était trop basé sur l'efficacité!

Parlons-en de l'efficacité, terme dont l'administration française semble y être allergique! Tout prend un temps fou, et on se dit qu'ils décortiquent le dossier en profondeur et qu'ils veulent faire un bon travail. Faux! À voir les commentaires ou recommandations, on se dit qu'ils ont sûrement lu les documents en diagonale. Et je ne parle même pas de l'histoire de ma carte de séjour (et je suis rendu à avoir le fantasme de ne pas l'avoir finalement et me faire rapatrier au Québec)...

Un historien avait déjà dit que la France était vouée à disparaître de l'histoire mondiale au 21e siècle comme état influent. En tout cas, si la France continue à se flatter en regardant les gloires du passé sans avoir une vision de l'avenir, ça risque fort d'arriver. L'état de la recherche en santé mentale est plutôt désolant... surtout que les étudiants ont un accès très limité aux articles scientifiques ou ne comprennent pas l'anglais (et on s'entend, les textes scientifiques, ce n'est pas de la grande littérature avec des figures de style très recherchées)! Si la relève n'est même pas capable d'avoir les ressources, comment veulent-ils avancer?

Suite à plusieurs présentations de chercheurs québécois en santé mentale, le chef de service en pédopsychiatrie avait soulevé le fait qu'au Québec, nous ne branlons pas dans le manche. Nous voyons une problématique, nous élaborons une hypothèse de recherche et nous nous mettons à l'action. Il dit que, malheureusement, la France est encore à l'étape de "on va en discuter". La discussion est un élément essentiel pour faire bouger les choses, mais ce n'est pas la seule étape. Il ne faut pas se le cacher, les Français sont de grands et bons orateurs... mais à quoi ça sert de parler et discuter si aucune solution n'est appliquée ou mise en pratique?

Ainsi, se conclut mon texte chargé de frustrations. Il fallait que je mette le tout en mots. Et aussi, depuis le temps que les gens me demandent ce que je pense des études en France, voici donc ma réponse franche et honnête. Je souligne que ceci ne reflète que ma pensée personnelle, et que si vous n'êtes pas d'accord, prouvez-moi le contraire.

Bon, je vous laisse, je m'en vais faire mes bagages pour l'Allemagne, pays où je n'ai pas à contenir et à réguler mes émotions (dont la colère) sur une base horaire face à autant de passivité.

lundi 19 octobre 2009

Montmartre

Malgré le fait que Montmartre soit l'un des quartiers touristiques, il n'en demeure pas moins que j'aime beaucoup ce coin de Paris. Ceci est d'ailleurs assez étrange, car les pièges à touristes se trouvent à chaque coin de rue. Ici, nous avons droit, en plus des cartes postales et des affiches vues mille fois (Le Chat Noir, Aristide Bruant, etc.), des gens déguisés à la mode Belle Époque, des peintres et des caricaturistes, et j'en passe. Avec le nombre de touristes qui s'attendent à voir le Paris cabaret, le Paris canaille, il est difficile de marcher sans faire du slalom humain. Depuis le film "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulin", la popularité du quartier est encore plus importante auprès des étrangers.

Même si le quartier a tout pour être désagréable, il existe une beauté et un charme que je ne peux nier. Les escaliers, les rues sinueuses, les côtes, les pavés, les vignes grimpantes, tous ces éléments contribuent à faire du quartier un endroit où il fait bon se promener. Son histoire aussi en est pour quelque chose. Les nombreux artistes qui ont vécu au cours du dernier siècle ont fait de Montmartre ce qu'il est aujourd'hui.

Il y a quelques temps, j'ai assisté à une conférence en deux journées (pour un total de trois heures environ) sur l'histoire des cabarets de Montmartre. Sans vous refaire un résumé exhaustif, je vais juste mentionner quelques points que j'ai retenu.

- Commençons d'abord avec Le Lapin Agile: le nom vient d'une image d'un lapin sautant d'une casserole figurant devant ce cabaret et dessinée par André Gill. Au départ, le cabaret s'appelait "Aux assassins" à cause d'une peinture d'un tueur à l'intérieur de l'endroit. C'était un repère idéal pour les artistes qui voulaient fuir un peu Paris (en ce temps-là, Montmartre était une campagne avec des moulins et des vaches).

- Les artistes ont émigré à Montmartre à cause de la répression policière qui sévissaient dans le Quartier Latin, où se trouvent les universités, et par conséquent, tous les étudiants. En fait, il faut savoir que le véritable Montmartre se trouve en bas de l'actuelle Butte Montmartre. À l'exception de quelques artistes à la recherche de lait frais pour récupérer d'un nuit trop arrosée par l'alcool, peu de gens montait la côte. Ironie donc que les touristes montent les escaliers et s'essouflent à gravir la Butte Montmartre, sans se douter qu'ils sont au "mauvais endroit"!

- Le Chat Noir a déménagé et il y a eu une grande procession du premier local au deuxième.

- En dansant, les filles pouvaient "s'éventrer" en faisant le grand écart, se déchirant les muscles et ligaments.

- Les artistes protégeaient les prostituées des proxénètes (pimps) en les hébergeant et en les prenant pour modèles.

Il serait trop long pour moi d'écrire tout ce que j'ai pu apprendre sur le quartier. J'espère que cette petite introduction permettra à certains d'approfondir davantage le sujet à travers quelques bons livres à la bibliothèque. Il y a aussi l'option de venir à Paris, et je vous ferai un tour du quartier rempli de plusieurs anecdotes!

Bref, pour moi, Montmartre reste un incontournable de Paris. Peut-être est-ce pour cette raison que les touristes se sentent obligés de faire un détour là-bas!

dimanche 4 octobre 2009

Nuit blanche à Paris

Pour les Montréalais, nul besoin d'expliquer le concept de la Nuit blanche, qui se déroule à la fin du mois de février, pour clôturer le festival Montréal en lumière. L'idée même est partie de Paris, il y a environ six ans. Dans la Ville Lumière, l'événement a lieu en octobre, où le temps est doux et agréable, et non dans le froid sibérien à -40 comme à Montréal.

J'ai donc fait un tour rapide à la Nuit blanche hier, n'ayant aucunement l'intention de rester éveillé toute la nuit, car je suis actuellement enrhumé (merci les colocs!) et je ne tiens pas à prolonger la durée de ma maladie en mettant trop de stress sur mon petit corps. Il faut savoir que le sommeil est une composante essentielle dans la récupération et la guérison! Bref, j'ai quand même eu le temps de voir quelques expositions et me promener un peu en compagnie de mes Couchsurfers du moment (deux Américaines: Jen et Stacy), ainsi qu'avec Patrick (voir les premiers messages de ce blogue).

En parcourant la programmation, j'ai observé une différence notable entre Paris et Montréal: alors que Montréal propose une diversité d'activités des plus hétéroclites (se baigner dehors sur le toit de l'hôtel Hilton, faire de la luge dans le Vieux-Port, swigner sa compagnie au Cabaret du Roy, écouter du slam à la Bibliothèque nationale, écouter des concerts de groupes émergents au Métropolis, etc.), Paris offre plutôt un programme uniforme et homogène. Nous avons surtout droit à des expositions d'art moderne. Ainsi, nous avons des projections vidéo d'artistes se prenant pour David Lynch en transe chamanique. Des plans très rapprochés d'un visage, d'une tête d'un loup empaillé, des formes psychédéliques... toutes ces images défilent sous nos yeux sur une musique contemporaine post-apocalyptique (où l'artiste semble varger sur un piano de façon assez aléatoire tout en faisant grincer les cordes d'un violon). Parmi la douzaine d'expositions que j'ai pu voir lors de la Nuit blanche, pas une se démarquait par son originalité. Même le ballon rose gonflé à l'hélium en forme d'un gros beigne qui tente de "flotter" au-dessus des Archives nationales n'impressionne pas réellement.

Ce n'est pas tant le fait que c'était de l'art moderne (car j'apprécie ça plutôt bien), c'est plutôt que je sentais que c'était une tentative de faire de l'art. Beaucoup de choses vues, revues, mâchées, et recrachées... Pour une ou deux heures, c'est bien... pour toute une nuit blanche complète, ça devient saoûlant!

Malheureusement, les musées n'étaient pas ouverts, donc à part d'aller dans un bar ou contempler ces oeuvres d'art contemporain, il n'y a pas trop à faire... Je suis donc revenu un peu déçu, espérant de quelque chose de grandiose de la part de Paris, et de beaucoup moins passif. Finalement, je préfère la Nuit blanche à -40 à Montréal, où au moins, on peut faire des activités nous permettant de rester éveillés (faire des danses traditionnelles québécoises, ça tient au chaud et on ne s'endort pas). Je viens de comprendre pourquoi mes amis français ne semblaient pas très enthousiastes à l'idée d'aller faire la Nuit blanche...